Dans son bulletin du 16 mai, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) explique qu’ « une étude d’aléa sismique permettrait de mieux connaître la sismicité de la région et d’estimer les périodes de retour associées à des événements pouvant impacter le bâti. » Car pour l’instant, face à ce phénomène d’essaim sismique qui laisse place à tous les fantasmes et interprétations au point où certains habitants préfèrent passer la nuit dans la rue, nous avons peu d’explications.
Classée en zone sismique modérée, l’île n’est pas habituée à ces secousses qui la font trembler depuis le 10 mai, dont un plus fort de magnitude 5,8, le 15 mai dernier.
Le BRGM a livré une explication dans son premier bulletin de suivi (à suivre sur la carte): « L’ouverture du rift Est-Africain se poursuit en mer en utilisant le système de failles de la ride de Davie et semble progresser vers le sud-est, c’est-à-dire vers les Comores et Madagascar. Il est probable que ce phénomène remette en activité les anciennes failles de ces deux secteurs, et en particulier les failles sub-méridiennes parallèles au rift Est-Africain et à la ride de Davie. »
En clair, l’ensemble des plaques s’étirent vers l’est, zone où se situent les épicentres, à 50km de Mayotte. Cela reste des hypothèses, et un supplément d’informations ne serait pas du luxe.
Comprendre l’inquiétude de la population
Le sénateur Thani Mohamed interpellant la ministre auprès du ministre de l’Intérieur, Jacqueline Gourault, a demandé des moyens exceptionnels pour accompagner les familles touchées, notamment dans l’expertise de leurs habitations, et pour que l’État, le département et les communes « soient mieux préparés à faire face à une crise majeure ».
Difficile de prévoir la fin d’un tel événement a convenu la ministre en retour, qui a évoqué la communication permanente du côté de la préfecture, « pour parer aux rumeurs », et les dégâts sur les écoles de Dembéni et Combani. La préfecture avait indiqué qu’une soixantaine de bâtiments avaient été touchés. Une cellule psychologique a été mise en place. Parmi l’ensemble de séismes enregistrés ce mardi, trois étaient de magnitude supérieur à 4, et un autre se fait sentir, à 8h54, alors que nous écrivons ces lignes, et annoncé de magnitude 5 par le modèle américain.
On apprenait de la bouche de Jacqueline Gourault que l’Etat Major de zone et de protection civile de l’océan Indien a dépêché une mission de reconnaissance « pour anticiper l’arrivée de renforts. » Une mission d’expertise interservices composée de spécialistes de la sécurité civile et de scientifiques spécialisés en sismologie va être envoyée sur place, elle fait actuellement l’objet d’échanges interministériels.
Alors, faisons contre mauvaise sismique bon cœur, et sautons sur ce contexte agité pour proposer enfin un secteur porteur, et de niche, un potentiel de développement et attractif, celui du tourisme scientifique !…
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com