On ne saura jamais s’il y a eu diffamation dans les colonnes du quotidien FMM (groupe Kwezi) envers l’ex tête du Groupement d’Intervention Régionale (GIR) Gérard Gautier : ce dernier s’est désisté.
Ambiance… Comme c’est le cas chaque fois que l’affaire Roukia et ses dérivés sont abordés dans la salle d’audience, les poils se hérissent, le ton monte, et l’ambiance reste électrique jusque sur le parvis du Tribunal de Grande Instance bien après le jugement.
Dans le cadre d’un trafic de drogue dont on ne sait pas encore s’il est en lien avec le décès de la jeune Roukia d’une overdose en janvier 2011, le quotidien FMM avait publié une interview mettant en cause les pratiques des gendarmes du GIR. L’informatrice des gendarmes nommait un certain « Gérard » dont le nom n’était pas mentionné. L’ex capitaine de gendarmerie Gérard Gautier, alors à la tête du GIR, s’était reconnu et avait déposé plainte en diffamation.
Patrick Millan, directeur de publication du groupe Kwezi avait alors été mis en examen et contre-attaquait immédiatement en publiant des documents « confidentiel défense » attestant de la véracité des propos tenus dans l’interview.
Après un premier renvoi demandé par la défense de Gérard Gautier, l’affaire devait être jugée aujourd’hui. C’est épaulé par une armée de robes noires, mur symbolique face aux moyens dont est censé disposer la gendarmerie, que Patrick Millan apprenait le désistement de la partie adverse, « sur les motifs de non respect des trois mois de prescription dans le cadre d’une diffamation publique ».
La salle d’audience en arbre à palabres
« En vertu de l’article 49, la partie civile se désistant, les poursuites prennent fin » déclarait Philippe Ballu, le fraîchement nommé vice-président de Tribunal de Grande Instance. Il sut cantonner la rage des avocats qui un à un, demandait une poursuite de la procédure, « je voudrais savoir s’il y a eu ou non diffamation » parvenait à demander Patrick Millan à la barre, tandis que Me Mansour Kamardine s’échauffait en incriminant « un Gautier qui instrumentalise la justice ! ».
Leur fureur n’a d’autre fondement que les deux ajournements de convocations de Gérard Gautier devant le juge d’instruction Hakim Karki, sous des prétextes médicaux, alors que plusieurs mois auparavant, un général de gendarmerie tentait de faire pression sur le même juge d’instruction.
Déclarant qu’une salle d’audience de correctionnelle n’était pas une tribune où se jouait le débat, Philippe Bellu conseillait à Patrick Millan d’avoir recours au juge civil pour demander une éventuelle indemnisation.
C’est dans cette ambiance qu’une mission d’inspection de la Chancellerie se rend à Mayotte au début du mois d’octobre pour enquêter sur le traitement de cette affaire Roukia qui devrait être bouclée avant la fin de l’année.
A. P-L.
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