Les 20 élèves se sont sagement installés derrière les tables de leur salle de classe du lycée professionnel de Kaweni. 20 élèves qui ne sont pas les premiers venus.
DGS (Directeurs généraux des services), contrôleurs de gestion, directeurs financiers, ils représentent les communes les plus importantes de Mayotte, le Conseil général et même la préfecture puisque deux personnes chargées du contrôle de légalité sont également dans la salle. Pendant trois jours, ils suivent une formation « d’analyse financière prospective des collectivités locales ». En clair, apprendre à anticiper les recettes de leur collectivité pour pouvoir engager des dépenses.
« C’est un des enjeux principaux de Mayotte, explique Jérémy Blasquiez du CNFPT* qui co-organise la formation avec le CEFEB**. Si on y arrive, on peut avoir des espoirs de développement structuré pour Mayotte. Sinon, c’est une catastrophe. »
Avec la mise en place de la fiscalité locale en 2014, la formation de ces personnalités, rouages essentiels du fonctionnement des collectivités locales, s’est imposée d’elle-même. « C’est la première fois qu’un séminaire avec un tel niveau de technicité est organisé », se félicite Jérémy Blasquiez. Depuis la décentralisation de 2004 et le passage de l’exécution des budgets par la préfecture aux collectivités, il a fallu, dans un premier temps, former ces cadres aux fondamentaux : monter un budget, connaitre les rouages des comptes administratifs. « Maintenant, on passe à une autre étape, à une véritable gestion administrative pour savoir où on va à moyen terme. »
La formation dispensée par Patrick Ros, magistrat à la chambre régionale des comptes du Pas-de-Calais et formateur CEFEB, se veut très concrète. Il s’agit d’étudier sous toutes les coutures les finances d’une commune imaginaire pour dresser un bilan des cinq années écoulées du point de la majorité puis de l’opposition. L’objectif est ensuite d’envisager les marges de manœuvres de la ville en fonction des objectifs affichés par le maire virtuel.
« Non seulement les communes vont avoir à gérer leur propre fiscalité, mais le Conseil général lui-même va rapidement devoir assumer l’acte 3 de la décentralisation avec des pouvoirs accrus. Maîtriser les bonnes pratiques dans la gestion des budgets est quelque chose que l’on doit réussir très vite. »
RR
*CNFPT : Centre national de la fonction publique territoriale
**CEFEB : Centre d’études financières, économiques et bancaires