Au moment où François Coux, le vice-recteur, s’apprête à quitter ses fonctions, douze collèges et lycées sont en chantier. Kwale, Majicavo, Kawéni, tour d’horizon des enjeux pour le vice-rectorat… et les élèves de Mayotte.
Les livraisons d’établissement scolaires continuent à Mayotte. La prochaine en date est le collège «K3» de Kawéni. Ce nouvel équipement ressemble plutôt une extension des deux collèges existants. Construit en Algéco, il fait partie de ces équipements provisoires qui vont durer car il va avoir de nombreuses utilités dans les années à venir.
Dès la rentrée de septembre 2014, il devrait accueillir 660 élèves. C’est une réponse à l’augmentation du nombre d’élèves avant l’ouverture du collège de Majicavo, décalée à 2015 et dont les travaux spectaculaires de terrassements ont commencé. Mais le K3 sera ensuite conservé et montera même en puissance avec 1.200 élèves en septembre 2015. Il va permettre de transférer des collégiens entre les différents établissements de Kawéni pour lancer la rénovation des collèges existants.
Septembre, ce devait être aussi la grande ouverture du collège de la Kwalé, à Tsoundzou. Mais les entreprises n’ont pas tenu les délais et ce n’est qu’en janvier 2015 qu’il devrait partiellement ouvrir ses portes avant une mise en route complète en septembre 2015. Les 6e qui rejoindront l’établissement commenceront leur année à Passamainty, les autres resteront à Dembéni.
De nombreuses extensions d’établissements
Les extensions d’établissements existants sont également nombreuses. Au lycée Bamana de Mamoudzou, 18 salles vont être livrées dans les prochaines semaines. Avec 612 places nouvelles, Bamana devrait accueillir 2.326 élèves à la rentrée de septembre ! Quatre salles nouvelles à Bandrélé, dix à Mgombani et Doujani, rénovation de la partie énergie du lycée pro de Kawéni, création de deux ateliers SEGPA* à Sada et Kani-Kéli… le plan triennal, prévu jusqu’à l’an prochain, va permettre de financer pour 48 millions d’euros de chantiers en 2014 et 50 millions en 2015. En 2013, cette somme représentait 23 millions.
Mais cette masse impressionnante d’argent n’est pas acquise. Le vice-rectorat doit démontrer à Paris sa capacité à tenir le rythme et le moindre retard sur un chantier peut faire perdre des crédits à Mayotte.
La course contre la montre
«Il est très important de lancer des opérations lycées rapidement pour ne pas tomber dans le piège qu’on a connu avec les collèges », relève François Coux. Le vice-rectorat s’est en effet laissé déborder par le flux de nouveaux collégiens mais aussi les délais de livraison des constructions.
«Entre une étude de faisabilité et la mise en service d’un établissement, on pensait pouvoir réduire les délais mais on n’y arrive pas. On est pris en tenaille entre les cabinets d’archi extérieurs et les entreprises qui font la pluie et le beau temps à Mayotte», explique Philippe Buffier, responsable de la division construction scolaire au vice-rectorat.
Le vice-rectorat a tenté de modifier ses opérations pour mettre en place des «groupements de réalisation» qui associent architectes et entreprises pour gagner du temps dans les procédures.
Une autre approche consiste à associer de gros projets : la construction des lycées du sud et du nord de Mamoudzou devrait être groupée pour proposer un marché à plus de 60 millions d’euros, susceptible d’attirer une nouvelle major du BTP à Mayotte. Pourquoi pas Eiffage, déjà présent dans d’autres métiers et qui pourrait développer une filiale mahoraise dans le bâtiment ? La concurrence ne pourrait que favoriser la baisse des coûts et le respect des calendriers mais aussi tonifier des sous-traitants locaux.
Les chantiers du prochain vice-recteur
« Ce que nous essayons de faire s’applique aux constructions mais aussi à la construction du système éducatif dans son ensemble, note François Coux. Nous devons faire comprendre que ce qui est lancé aujourd’hui, on n’en verra les résultats sur le long terme. Nous allons bientôt sortir de la gestion des flux d’élèves pour passer à une réelle démocratisation de l’enseignement. »
L’augmentation du nombre de collégiens et de lycéens devrait commencer à se tasser d’ici à cinq ans, permettant de faire face plus sereinement aux autres enjeux.
Le prochain plan triennal qui sera bouclé par le prochain vice-recteur est déjà très largement esquissé : en plus des lycées sud (dont l’emprise de 30 hectares est quasiment bouclée) et nord de Mamoudzou, on y trouvera la construction en dur du lycée de Chirongui (actuellement en Algéco), un lycée à Bouéni pour 2018, mais aussi la création d’une structure pour les métiers du bâtiment au lycée professionnel de Dzoumogné. L’idée semble pertinente : ces élèves pourraient avoir, à l’issue de leurs études, du travail sur les constructions et les rénovations d’établissements scolaires encore pour de nombreuses années.
RR
Le Journal de Mayotte
*SEGPA : Sections d’enseignement général et professionnel adapté
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