La pharmacie 2.0 du CHM

Le centre hospitalier de Mayotte se dote d’armoires informatisées pour optimiser les stocks de médicaments des services. C’est une première dans l’océan Indien qui bénéficie d’abord à la réanimation.

Installée contre un mur du service de réanimation, l’armoire vitrée est aussi discrète qu’essentielle. Et elle représente une évolution profonde dans le fonctionnement à la fois du service et de la pharmacie du CHM.

Cette armoire sécurisée et informatisée renferme tous les médicaments les plus couramment utilisés par le service. Ce sont 300 références sur les 1.500 qui sont disponibles à la pharmacie du CHM. Désormais, pour que les infirmiers puissent obtenir l’un d’entre eux, ils doivent utiliser le système de reconnaissance digitale et entrer une série d’informations sur l’ordinateur pour qu’une porte ou un tiroir s’ouvre permettant d’accéder au stock.

«Ça change vraiment la vie de tout le monde dans le service», assure Marie Fostier, infirmière au service réanimation. «En tant que référente, je passais quasiment deux heures, deux fois par semaine, à faire l’inventaire pour ensuite demander un réapprovisionnement à la pharmacie. Maintenant, ce temps-là, je peux l’utiliser pour faire du soin et épauler l’équipe».

La réanimation équipée en premier

Le changement est aussi très important pour la pharmacie qui dispose d’une visibilité en temps réel des consommations des différents médicaments. Le choix d’équiper en premier la réanimation n’est pas un hasard. C’est un service qui traditionnellement en utilise beaucoup. «C’est la plus grosse dotation de l’hôpital», confirme Christophe Najem, chef de service à la pharmacie.

Jusqu’à présent, les pharmaciens de l’hôpital devaient le réapprovisionner trois fois par semaine et les médicaments étaient rangés dans une bonne vieille armoire métallique, façon pharmacie de grand-mère. Mais depuis deux semaines, on est donc passé à la pharmacie 2.0 !

Et l’installation a été beaucoup plus rapide que prévue. «On devait laisser l’ancienne armoire au moins une semaine pour les infirmiers qui étaient parfois inquiets. Mais au bout de deux jours, la nouvelle armoire est tellement pratique qu’il n’était plus question de revenir en arrière», s’enthousiasme Lucie Olivereau, interne en pharmacie au CHM.

Premiers équipés dans l’océan Indien

Le projet est lancé depuis deux ans, le temps nécessaire pour passer toutes les phases administratives pour pouvoir s’équiper. «Nous avons aussi travaillé pendant 6 mois à identifier les besoins essentiels du service pour choisir le bon dimensionnement de l’armoire, qu’elle corresponde parfaitement aux besoins», explique Nizard Béjaoui, pharmacien. Au final, tout le monde semble satisfait de ce changement d’époque.

«Dans l’océan Indien, nous sommes le premier établissement à s’équiper. Ça fait 10 ans que ce type d’armoires existe et elles sont vraiment en train de se généraliser en métropole. Les hôpitaux de Paris (AP-HP) par exemple, vont en installer une centaine cette année», relève Christophe Najem.

Une gestion des stocks optimisée

A Mayotte, l’utilité de tels équipements est une évidence pour l’ensemble de l’équipe de la pharmacie. «Il ne faut pas oublier que nous sommes sur une île et que la gestion des approvisionnements est très sensible. On ne doit jamais être en rupture de médicaments à la pharmacie. Avec l’arrivée de cette armoire, puis de deux ou trois autres avant la fin de l’année, la gestion des stocks va réellement devenir plus performante», souligne Christophe Najem.

Médecine ou urgence, la décision concernant les prochains services équipés n’a pas encore été prise. A terme, une dizaine d’armoires informatisées de ce type devraient être en service à l’hôpital de Mamoudzou.

Le Journal de Mayotte