Il faut d’urgence favoriser le rééquilibrage de l’offre de soin dans la zone entre les trois territoires, Comores, Madagascar et Mayotte. Un rapport confidentiel de la Chambre régionale des Comptes est en effet alarmant, et rejoint d’ailleurs celui du Programme de coopération territoriale européenne émis par la préfecture.
Deux documents se complètent pour donner un constat inquiétant de la situation sanitaire à Mayotte : un rapport confidentiel de la Chambre régionale des Comptes adressé en décembre 2014 à la directrice de l’Agence régionale de santé océan Indien (ARS OI) et le Programme opérationnel de coopération territoriale européenne (CTE) transfrontalier de Mayotte mis en libre lecture auprès du public.
Au moment même où l’ARS fête ses 5 ans, la situation alarmante décrite par le document émis par la préfecture, est connue : le taux de mortalité infantile en 2012 à Mayotte s’élève à 13/1000 (3,5 en métropole), à 58/1000 aux Comores et à 41/1000 à Madagascar (en amélioration notable par rapport aux chiffres de 1990), sans compter que « les populations de la zone sont fortement exposées aux risques épidémiologiques aggravés par la hausse des flux migratoires ».
Les pathologies communes entre les îles, parmi lesquelles le VIH, le paludisme, la dengue, sont aggravées par de mauvaises conditions sanitaires « avec une sous dotation en services publics et infrastructures (eau potable, collecte des ordures) ». En effet, selon le document de l’Etat, les Comores et Madagascar ne consacrent respectivement que 8 et de 9 % de leur budget national aux dépenses de santé (contre plus de 20% pour l’île Maurice et les Seychelles) : « l’hôpital public El-Maarouf aux Comores est dans une situation très préoccupante et souffre d’un manque de gestion et de personnel formé ».
« Activité de néonatologie non autorisée par l’ARS »
En conséquence, la population des îles voisines vient chercher à Mayotte la sécurité sanitaire qu’elle n’a pas sur son territoire. Mais une sécurité toute relative si l’on en croit le rapport de la Chambre des Comptes : saturée, la maternité de Mamoudzou qui assure 65% des accouchements, organise des transferts par minibus vers des maternités périphériques «trois heures après l’accouchement (…) qui feraient courir des risques aux femmes et aux bébés», selon le rapport même s’il ne cite précisément aucun incident.
« Recours à un nombre important de contractuels », « taux de prématurité du CHM double de la métropole », « mauvais suivi des grossesses »… la liste des points soulevés est longue, et a normalement fait l’objet d’une justification de la directrice de l’ARS.
Migrants : prés de la moitié du budget du CHM
La situation décrite par la Chambre des Comptes est évidemment purement réglementaire et ne tient pas compte de la réalité locale : malgré une hausse de 39,8 % du nombre de places et lits disponibles depuis 2008, la capacité du CHM est saturée « et connait un accroissement du nombre d’interventions médicales (accouchements, fractures, brûlés pour l’essentiel) délivrées aux immigrants clandestins qui représenteraient jusqu’à 45 % de son budget et 40% des patients », tel que le décrit le programme de coopération.
Donc, si le rapport de la Chambre sort d’une confidentialité qu’il n’aurait jamais dû quitter, c’est que le personnel de santé est arrivé à saturation et demande des moyens supplémentaires. Au 1er janvier 2013, l’ARS recense à Mayotte 177 médecins (dont seulement 74 spécialistes), 639 infirmières et 148 sages-femmes.
Or, du fait de la croissance des flux de population clandestine, on estime à prés de 3.000 les enfants exposés aux risques sanitaires d’une vie dans la rue, sans domicile fixe. Plus globalement, « une population étrangère de 60 000 à 80.000 personnes ne bénéficie pas d’affiliation à la caisse de sécurité sociale (basée sur la résidence) » et ainsi de couverture sociale, selon le ministère de l’outre-mer. « Le risque sanitaire de propagation d’épidémie ou de maladie est devenu majeur, aggravé par les conditions de vie précaires et le manque de ressources nécessaires », indique la préfecture dans son document.
Dépenses de santé par habitant surévaluées
C’est donc bien le flux migratoire qui provoque la situation dégradée dénoncée par la Chambre des Comptes. La part de dépense de santé annoncée par l’ARS à 930 euros par habitant à Mayotte, (trois fois moins qu’à La Réunion), est donc exagérée, car il faudrait pour bien faire ajouter une partie des 734.917 habitants de l’Union des Comores…
Le Centre hospitalier de Mayotte, qui n’est en réalité pas la plus grande maternité de France ainsi que le nuance la Chambre des Comptes, mais la 5e avec 6.003 accouchements en 2013, est bien un centre hospitalier régional au sens qu’il doit accueillir toujours plus de population arrivant de l’extérieur, avec des moyens qui ne suivent pas, le mettant hors la loi.
Les 3,4 millions d’euros investis depuis 2003 par le Fonds de Coopération régionale n’ont donc pas été suffisants pour fixer les populations dans leurs îles respectives. En sera-t-il différemment avec le nouveau CET doté d’une enveloppe de 12 millions d’euros sur la période 2014-2020, qui prévoit d’accroître le nombre de personnels qualifiés dans le domaine de la santé et des secours aux personnes, le nombre d’infrastructures médicales gérées par les ONG et les échanges et le transfert de savoir-faire ? Il semble que la Chambre ne donne plus le choix…
Alors que la Fédération Hospitalière de France se félicite de l’adoption par l’Assemblée nationale d’une déclinaison outre-mer de la Stratégie nationale de santé, à Mayotte on est encore bien loin des standards nationaux.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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