La difficile mise en place des rappels à l’ordre par les mairies

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Les premiers rappels à l’ordre devaient être signés entre le maire de Mamoudzou et trois jeunes de la commune. La mise en œuvre de ce dispositif anti-délinquance devra attendre : ils ne se sont pas déplacés.

Rama Ramlati (à gauche) et Mohamed Majani (à droite) pour un premier rappel à l'ordre, remis à plus tard
Rama Ramlati (à gauche) et Mohamed Majani (à droite) pour un premier rappel à l’ordre, remis à plus tard

Ils ne sont pas venus. Les membres de trois familles étaient convoqués par le maire de Mamoudzou pour la première signature d’un rappel à la l’ordre (RAO). Seule, une maman a fait le déplacement et son désarroi face à l’attitude de son fils âgé de 17 ans, en dit long sur les enjeux liés à la jeunesse.

«Je suis venue pour savoir comment l’aider. Je ne veux pas que mon fils soit exclu», explique-t-elle. Le garçon n’a jamais été arrêté par la police mais elle ne peut plus lui parler. Il est devenu grand et elle a peur de lui. Et si elle est venue, c’est qu’elle a compris que c’était grave. «On est là pour les orienter dans la bonne voie», explique Mohamed Majani, le maire de Mamoudzou.

Le mineur concerné, élève de 3e, a été absent 77 demi-journées au collège K1 sur les 192 qu’il aurait dû passer dans l’établissement. Absentéisme lourd mais aussi actes d’incivilités, le dispositif du rappel à l’ordre (RAO) s’adresse à des mineurs comme à des adultes dont le comportement pose problème sans pour autant être sous le coup d’une procédure judiciaire.

Ne pas franchir le seuil de la délinquance

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Les trois jeunes qui devaient signer sont originaires de Kawéni où richesse et extrêmement pauvreté ne sont séparés que par une route

L’idée est d’éviter que les personnes franchissent le seuil de la délinquance grâce à une implication du maire, qui travaille en étroite collaboration avec le procureur de la République. «C’est une mesure administrative qui fait partie des pouvoirs du maire. La personne visée signe un contrat de responsabilisation avec moi», explique Mohamed Majani. Les signataires sont ensuite aidés, accompagnés en particulier par des associations comme Tama ou les Céméa, pour tenter de trouver des solutions à leur situation.

Concernant les trois signatures prévues ce jeudi et la dizaine de dossiers constitués, la mairie a demandé son avis au procureur qui a accepté la mise en œuvre de la procédure.

Des médiateurs pour Kawéni

«A Kawéni, d’un côté il y a la richesse, de l’autre… Ca engendre des problèmes» dit le maire, originaire du quartier. «Il n’y a pas de travail de fond qui a été fait avec la commune, l’Etat et de le conseil départemental, pour trouver des solutions», regrette-t-il. Pour autant, «les discussions sont en cours avec l’Etat pour mettre en place des médiateurs. Ca pourrait améliorer les choses», indique le maire.

Les conséquences imprévisibles sur l'activité
Des médiateurs pour Kawéni : discussions en cours entre l’Etat et la commune

Depuis la signature de la convention de RAO le 10 octobre dernier, Mamoudzou a doucement préparé le terrain. «Ca a pris du temps», reconnaît Rama Ramlati, la coordonnatrice du contrat local de prévention de la délinquance (CLSPD). «On a préparé le dispositif avec les écoles, les collèges et la police municipale qui est chargée d’amener la convention aux parents de façon un peu solennelle».

Problème avec les noms et avec les adresses, les jeunes qui devaient signer ce jeudi seront convoqués à nouveau par la police municipale. Pour montrer que la maire ne baisse pas les bras avant d’avoir essayé.
RR
Le Journal de Mayotte

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