Les amateurs de musique classique ont eu leur Top 7 ce samedi soir. De magnifiques interprétations d’extraits connus de concertos, sérénades ou suites, le tout mené par Elie-Adrien Touitou en pédagogue facétieux, pieds nus, proche de l’image que l’on se fait de Mozart.
Sept musiciens pour sept morceaux de grands classiques… sans y voir de signification biblique, la soirée proposée au Centre universitaire de Dembéni dégageait une belle harmonie. L’association Musique à Mayotte de Cécile Bruckert proposait un Best of Classique des concerts de l’année 2015 : Lully, Bach, Vivaldi, Mozart, Bach-Gounod, Schubert et Strauss fils, étaient au programme.
Des airs connus dont l’histoire l’est moins. Le chef d’orchestre-pianiste Elie-Adrien Touitou se muait donc en un conteur, parfois façon Pierre et le loup, plus souvent à la Lodéon, pour nous faire entrer par la grande porte chez ces grands compositeurs et décrypter leurs humeurs du moment.
Un « selfie Versaillais »
Ainsi, la solennité du Bourgeois Gentilhomme mis en musique par Jean-Baptiste de Lully, traduit-il la « pompe » de Versailles : « il nous offre comme un selfie. Il fallait sourire, en mettre plein la vue, montrer qu’on y était bien même si on s’ennuyait. Un sultan ottoman s’était d’ailleurs exclamé ‘le roi y est habillé comme mon cheval !’ », commente le musicien, par ailleurs Prix d’orgue et de formation musicale au Conservatoire de Paris, et précédemment chargé de cours à la Sorbonne. Il enseigne depuis trois ans en collège à Mayotte.
Joignant les gestes à la parole, quelques notes du thème principal de la fugue seront proposées aux spectateurs de la salle de l’université par Solène Faure au violon, repris par Emily Cooper à la flute à bec, et Kerstin Elmqvist au violoncelle. Thomas Poser assurera la profondeur de certains morceaux à la guitare.
Le coup de la valse
Le programme se poursuivait avec Bach et sa bourrée, « valse à 3 temps qui permet avantageusement de se rapprocher des dames », Vivaldi et son printemps dont les chants d’oiseaux remplissaient la salle repris par Missael Jimenez au 2e violon et Une petite musique de nuit de Mozart. On percevait à coup sûr un peu du tempérament du génial compositeur avec notre guide du soir : « une sérénade pas sereine du tout, destinée à montrer à Constance qu’il était là, et pour passer aux choses sérieuses… »
Le « mariage » Bach-Gounod naître par amour là encore pour l’Ave Maria : nous sommes dans un salon parisien du 19e siècle. Alors qu’il attend que se prépare une jeune fille qu’il compte bien demander en mariage, le français Charles Gounod passe le temps en jouant le prélude du compositeur allemand et fredonne. « Le père de la promise, frileux à l’idée de donner sa fille à un musicien, ‘un saltimbanque’ !, entend l’ensemble et incite le musicien à transcrire le tout. La main de sa fille est accordée ». C’est Cybèle Grekos qui nous offrira ce morceau de choix.
La Truite de Schubert méritait une traduction. « C’est l’histoire d’un pêcheur qui trouble l’eau pour attraper plus facilement une truite sauvage. En fait, une métaphore pour décrire une jeune fille en pleine résistance, qui peut se laisser attraper lorsqu’on brouille les pistes », glisse Elie-Adrien Touitou.
Johann Strauss collait parfaitement à un feu d’artifice final, avec ses valses « qu’il fallait absolument savoir danser », et son Danube bleu « qu’il a décliné avec d’autres fleuves »,
Ce n’était pas tout à fait la dernière soirée classique de la saison puisqu’à la MJC de Mtsapéré, le 6 juin à 20h30, un film tourné à Mayotte, « Le tigre et le chevalier » avec mise en musique par Elie-Adrien Touitou, sera précédé d’airs d’opéra.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte