Depuis un an, quatre territoires ont décidé d’unir leurs efforts, de se constituer en réseau, pour progresser dans la gestion de l’eau et de l’assainissement, véritable enjeu de santé publique, d’impact pour l’environnement. Ils étaient réunis ces deux jours à Sakouli.
Savoir comment les territoires les plus avancés comme La Réunion ont progressé, mais prendre aussi modèle sur les plus démunis comme Madagascar, qui ont su mettre en place des solutions adaptées à leur condition, c’est l’objectif du Séminaire sur l’eau qui s’est tenu ces deux jours à Sakouli, dans le sud-est de Mayotte.
A l’initiative de cette action, l’Agence française de Développement (AFD) a accompagné l’installation de programme-solidarité Eau-Océan Indien, pS-Eau OI, avec un budget de 80.000 euros sur une année, accompagné par le Fonds de Coopération régional et l’Agence Régionale de Santé. Ps-Eau porte ainsi une plate forme d’échange entre La Réunion, Mayotte, l’Union des Comores et Madagascar.
Nicolas Lejosne, Directeur adjoint de l’AFD Mayotte, nous explique les problématiques : « Il devenait urgent de développer les services de l’eau, insuffisant sur les plans sanitaire, économique et environnemental à Mayotte comme dans les autres îles. Plusieurs points sont au programme dont l’alimentation en eau potable et son analyse, et l’assainissement non collectif. »
Mini-kits, maxi résultats
La première étape consiste dans la mise en place d’un Observatoire des services de l’eau pour posséder des données chiffrées avec des méthodes communes aux quatre territoires. Si La Réunion a déjà le sien, sur ce sujet déjà il faut s’adapter aux moyens locaux. Des mini-kits sont proposés, des mini laboratoires utilisés, « mais en cas d’alerte, il faut pouvoir faire appel à un laboratoire certifié par chacun des territoire. Dans ce sens, aux Comores, le grand laboratoire en gestation doit être aidé », précise Pierre-Marie Grondin, Directeur de pS-Eau.
Si sur le réseau d’alimentation en eau, les problématiques convergent à peu prés, en dehors des coûts de revient pour la population qui doivent être aidés dans les pays les plus en retard, en matière d’assainissement, la situation est complexe. « Complexe par l’enjeu affiché par chaque territoire : ce sont les eaux de baignades qui sont à préserver pour les Mahorais, alirs qu’à Madagascar, les indicateurs sont encore humanitaires, en particulier sur la mortalité infantile », constatait le rapporteur de l’atelier.
Etre plus modeste
Mettre en place des grandes stations d’épuration a longtemps été la priorité à Mayotte du Syndicat des Eaux et d’Assainissement (Sieam). Or, elles sont coûteuses et difficile à rentabiliser étant donné le faible taux de raccordement d’une population qui n’a pas de visibilité sur l’assainissement et qui privilégie l’accès à l’eau potable.
Un Assainissement non collectif, c’est à dire individuel ou allant jusqu’à une vingtaine d’habitation, en semi-collectif, semble à privilégier : « il est beaucoup moins couteux que le collectif ».
Ainsi, alors qu’à Mayotte les macro stations couvre prés de 80% de l’assainissement, La Réunion avait misé sur un entre deux, et a investi à 50-50.
Dans la nature
En dehors des différences de collecte, cela impacte aussi sur les vidanges que doivent gérer les particuliers, en non collectifs, « outre les coûts de vidange prohibitif à 600 euros, les camions sont peu visibles (ils sont pourtant roses, ndlr) et certains quartiers sont inaccessibles », commente le rapporteur.
En matière de valorisation des boues issues de l’assainissement, les territoires sont aussi à des années lumière, « avec des défécations à l’air libre ou des vidanges dans la nature habituelles à Madagascar », « quand aux Comores, la thématique n’est pas abordée ».
Quelques points convergent malgré tout dans ce domaine : les zones d’habitat précaires, plus ou moins étendues selon les territoires, « où les mêmes technologies peuvent être adaptées en assainissement non collectif, ce qui répond à la problématique d’insolvabilité des ménages », également la réflexion sur la valorisation des sous-produits de l’assainissement, « une réflexion qui n’est menée dans aucun territoire ».
Une première année de coopération encourageante. Par la suite, il faudra que les fonds européens prennent le relai pour pérenniser ce travail.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte