Le boutre SIMA-COM1 bloqué à Longoni sans nouvelle de son armateur

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Ils avaient déserté le port de Longoni sous la pression des autorités françaises : les boutres qui transitent au large entre Madagascar et l’Union des Comores font de nouveau parler d’eux, le SIMA-COM1, en situation de détresse, a été remorqué jusqu’à Mayotte. Engendrant des casse-têtes qu’on pensait ne plus retrouver ici…

Le SIMA-COM 1 amarré à côté du remorqueur Bambo de Boluda
Le SIMA-COM 1 amarré à côté du remorqueur Bambo de Boluda

Ce 15 juin, un appel de détresse est intercepté par le PC Secmar : un boutre, le SIMA-COM 1 est au large de Mayotte et n’a plus de propulsion. Il effectue régulièrement la ligne Madagascar-Comores. Il n’y a alors qu’un seul capitaine de remorqueur à Longoni, et le commandant Damien Houssin est plutôt frileux à l’idée de le voir partir. Les compagnies qui chargent et déchargent les navires à quai peuvent en effet demander des dommages et intérêts pour retard de services, en cas d’absence de remorqueur.

Le délégué du gouvernement pour l’action de l’Etat en mer lance donc depuis La Réunion une réquisition pour que le Bambo prenne malgré tout en charge le SIMA-COM 1 jusqu’à Longoni. L’état du boutre ne permet en effet pas de le remorquer jusqu’à Anjouan : « le bateau ne répond à aucune norme internationale », juge Damien Houssin.

Sans ancre

Une partie de la cargaison
Une partie de la cargaison

Aucune nouvelle de l’armateur comorien, dont on ne sait trop s’il s’agit de la « Société Transit de Consignation Maivana », comme mentionné sur la liste d’équipage, ou « Tour de l’Océan à Moroni », comme inscrit par le capitaine du bateau, dont le nom diffère également selon les documents. Bref ! Un retour au bon vieux temps des arrivées de boutres comoriens qui, jusqu’à il y a 5 ans, faisaient escale à Longoni, plus ou moins en état de prendre la mer, et pour lesquels les autorités françaises fermaient les yeux.

Ce n’est plus le cas, et ni la société de remorquage Boluda, ni les Affaires maritimes ne peuvent et ne veulent engager leur responsabilité sur les risques d’un départ en mer : « nous avons demandé au Bureau Veritas s’il est en état d’être remorqué, mais son représentant n’a pas voulu se prononcer étant donné l’état d’épave du bateau. Il n’y a même pas d’ancre ! », déplore le commandant Houssin.

En attendant, les 9 membres d’équipage malgaches et les 5 passagers, dont 2 Malgaches et 3 Comoriens, ont été pris en charge. Des acteurs du port ont sollicité la Sodifram qui a pu leur livrer des denrées alimentaires, « et le Lion’s club et la Croix rouge sont intervenus à la demande de l’Etat ». Le Secours Catholique a proposé une aide alimentaire sous forme de bons comme cela avait été fait pour un boutre malgache.

« Les membres d’équipage ne veulent pas partir »

La préfecture, la capitainerie et les Affaires maritimes se sont également mobilisées pour ramener gratuitement les 5 passagers par bateau de la SGTM à Anjouan, quitte à ce que l’armateur les transporte ensuite à Moroni. Ce qu’ils ont fait mardi, en dehors d’un passager de nationalité comorienne qui a disparu dans la nature aussitôt son passeport en poche.

La même démarche a été entreprise pour les membres d’équipage de manière à ne conserver qu’un noyau indispensable lors du remorquage : « mais ils ont refusé et préfèrent rester au port », indique Damien Houssin. L’un d’entre eux qui a signalé des problèmes médicaux, a pu consulter un dermatologue.

La situation est actuellement bloquée : « nous demandons à l’Etat du pavillon, donc l’Union des Comores, si nous pouvons laisser partir le bateau », explique le commandant du port, qui n’a obtenu aucune réponse.

Problème, le 2 juillet il n’y aura de nouveau plus qu’un seul capitaine de remorqueur à Longoni, « le radiologue propriétaire du matériel radiologique transporté à bord en plus de produits alimentaires, a en tout cas accepté de financer le transport jusqu’à Anjouan », souligne Damien Houssin, « ce que Boluda voit d’un bon œil, alors que la société s’est tournée vers l’Etat pour le règlement des 60.000 euros* du remorquage du 15 juin sous réquisition », qui lui même se retourne vers un armateur pour l’instant fantôme.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

*16.000 euros après vérifications

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