Le Zika, le nouveau virus qui va nous faire aimer la dengue

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L'Aedes albopictus qui véhicule la dengue et le chikungunya (Crédits photo : ARS OI)

Selon le Haut conseil de la santé publique (HCSP), les conditions sont réunies pour l’arrivée prochaine d’un nouveau virus: le Zika. Après le Pacifique, la métropole mais aussi l’océan Indien l’attendent de pied ferme.

L'Aedes albopictus qui véhicule la dengue et le chikungunya (Crédits photo : ARS OI)
L’Aedes albopictus qui véhicule la dengue, le chikungunya et le virus Zika
(Crédits photo : ARS OI)

Le Haut conseil en santé publique lance une alerte au Zika, aussi bien en métropole que dans l’océan Indien. La période de fin de vacances est propice à un intense de flux de voyageurs. Les départements français d’Amérique (DFA), La Réunion et Mayotte sontdonc invités à prendre garde à une vieille connaissance : l’Aedes albopictus.

On le connaît bien à Mayotte ce moustique très apprécié par les spécialistes pour son élégance. Il fait partie des 45 espèces de moustiques de notre département (4 sont endémiques). Il, ou plutôt elle, frappe essentiellement à la tombée de la nuit. Le mâle se nourrit en effet de la sève des plantes alors que la femelle préfère le sang, de l’homme comme des animaux domestiques. Vêtements ou pas, lorsqu’elle jette son dévolu sur une peau qui l’intéresse, rien ne l’arrête. Ses piqures sont certes désagréables mais elles ont surtout l’inconvénient de transmettre potentiellement des maladies à l’homme: l’Aedes est en effet membre du club très fermé des 8 moustiques de Mayotte connus pour être vecteur de maladies.

Le nombre de cas habdomadaires de dengue à Mayotte en 2014 (source: BVS)
Le nombre de cas habdomadaires de dengue à Mayotte en 2014 (source: BVS)

C’est lui qui véhicule la dengue et qui est responsable de la (petite) épidémie que nous avons connu en 2014, avec 522 cas.
Il peut également véhiculer le chikungunya dont la dernière épidémie remonte à 2005-2006 et avait frappé 38% de la population mahoraise selon l’Agence régionale de santé (ARS).
A présent, tout le monde attend donc son nouvel ami : le virus Zika.

Le Zika plus fort que la dengue

Ses effets sur l’homme s’apparentent à ceux de la dengue mais avec une intensité nettement plus forte. Les symptômes sont de la fièvre, des douleurs musculaires, des diarrhées ou des éruptions cutanées, voire des complications neurologiques. Dans les cas les plus graves, les muscles de la déglutition et de la respiration peuvent être atteints. Le Zika peut donc avoir de lourdes conséquences mais il peut également passer inaperçu… comme la dengue.
Aucun traitement particulier ni aucun vaccin n’a encore été développé à ce jour. On doit se contenter de paracétamol.

Un pick-up de l'ARS équipé d'un pulvérisateur d'insecticide pour lutter contre la propagation de la dengue, en mars 2014 sur les hauteurs de Kawéni
Un pick-up de l’ARS équipé d’un pulvérisateur d’insecticide pour lutter contre la propagation de la dengue, en mars 2014 sur les hauteurs de Kawéni

Depuis 2007, des épidémies liées au virus Zika sont survenues dans le Pacifique, en Micronésie, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française ou plus de 55.000 personnes ont été atteintes en 3 mois en 2013-2014, plus de 20% de la population. Une épidémie, identifiée en mai 2015, sévit également actuellement au Brésil.

Le combat contre les moustiques

A Mayotte, les services de la lutte anti-vectorielle (LAV) de l’ARS sont maintenant bien organisés pour faire face aux virus transmis par les moustiques, les arbovirus.

Ils sont structurés en 4 cellules : l’intervention, avec des agents chargés de la démoustication et des enquêtes et traitements autour des cas ; la cellule recherche et développement travaille sur un plateau technique complet permettant de réaliser des études (avec 3 salles d’insectarium, un laboratoire de biologie moléculaire, un laboratoire pour les tests insecticides) ; la logistique gère les appareils de pulvérisation et le stock de produits insecticides ; enfin la cellule «mobilisation sociale» réalise les actions de communication pour informer la population des mesures qu’elle peut prendre à son niveau pour lutter contre les moustiques et leurs maladies.

L'élevage des moustiques dans les laboratoires de l'ARS à Mamoudzou
L’élevage des moustiques dans les laboratoires de l’ARS à Mamoudzou

Les contrats locaux de santé (CLS) qui se multiplient permettent aussi d’agir, au niveau des communes, au plus près de la population.

Des moustiques stérilisés

Dans notre département, la lutte contre les moustiques se fait encore selon des méthodes «traditionnelles». Mayotte ne bénéficie pas, par exemple, de la technique de l’insecte stérile (TIS) qui a été utilisé à La Réunion, malgré un plateau technique conséquent. Cette technique vise à lâcher des mâles stérilisés dans la nature. Ils remplacent les mâles reproducteurs ce qui permet d’éviter la prolifération des moustiques.

Le bulletin de veille sanitaire de l’océan Indien du mois de mars notait pourtant que «le territoire de Mayotte est, à bien des égards, propice à l’expérimentation de nouvelles techniques en phase terrain». L’arrivée annoncée du Zika va peut-être pousser à leur développement.
RR
Le Journal de Mayotte

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