L’association Rédéca Mayotte, spécialisée dans le dépistage des cancers, se dote d’un véhicule médicalisé itinérant pour sillonner les villages. Son projet fait partie des 11 retenus par l’Institut national du cancer (INCa).
«Nouwam». Ce joli nom est l’acronyme de «Nyamoja Na Unono WA Mtroumché», ce qui signifie en français «Ensemble pour la santé des femmes. C’est ainsi qu’a été baptisé le projet porté par l’association Rédéca Mayotte qui mène inlassablement depuis 2009 des actions de prévention et de dépistage des cancers.
«Beaucoup de femmes n’ont pas accès au dépistage. Les maternités périphériques avec lesquelles on travaille (Dzoumogné, Mramadoudou, Kahani et Petite Terre) et le centre de Mamoudzou sont un bon dispositif mais il n’est pas suffisant», explique Aminata Cimmino, la directrice de Rédéca. Après avoir tenté de mener des actions de dépistage dans les dispensaires, l’équipe est arrivée à la conclusion que la prévention du cancer doit aller au plus près des femmes, dans les villages.
Rédéca a donc répondu à un appel à projet de l’Institut national du cancer (INCa). Et «Nouwam» a été retenu parmi les 11 initiatives nationales appuyées par l’INCa. «C’est un projet qui court sur trois ans et le démarrage de l’activité est prévu pour la semaine prochaine», se réjouit Aminata Cimmino.
Objectif : 4 villages par semaine
Le véhicule va commencer par aller dans un village par semaine. «L’objectif est de monter en puissance progressivement pour réaliser 4 sorties par semaine», explique Clémence Georges, la sage-femme de l’association. Les lundis, les consultations concerneront le nord, les mardis le centre, les mercredis le grand-Mamoudzou et les jeudis le sud, sans oublier des passages réguliers en Petite Terre.
«Nous voulons harmoniser l’offre de soin et la diffusion de l’information pour que toutes les femmes, quelles qu’elles soient, où qu’elles soient, affiliées ou non, bénéficient des mêmes chances», souligne Aminata Cimmino.
Ces dépistages concernent les cancers du col de l’utérus, le 2e cancer féminin à Mayotte après le cancer du sein. Les consultations de frottis de dépistage sont dispensées par la sage-femme de l’association. 2014 a été la meilleure année en nombre de dépistage réalisés depuis le lancement de l’opération avec près 6.800 frottis réalisés. Mais l’association constate que près de la moitié des femmes qui ont effectué l’examen durant les 3 dernières années, estiment qu’il n’est plus nécessaire. Ce qui est évidemment une contre-vérité.
«Nous dépistons en moyenne un cancer par mois grâce à cette action, ce qui correspond à la moyenne nationale», constate Aminata Cimmino.
Toujours plus d’outils
L’opération a un coût, 210.000 euros sur 3 ans, financée majoritairement par l’INCa. Le conseil départemental a participé pour 30% dans l’achat du camion et l’Agence régionale de santé (ARS) et la caisse de sécurité sociale (CSSM) sont également partie prenante. Rédéca poursuit donc son développement et compte aujourd’hui 10 salariés.
L’objectif fixé au lancement de la 2e campagne de dépistage est d’atteindre 50% de consultations pour les femmes concernées. L’association multiplie ainsi les outils, du livret d’information au passage de Nouwam dans les villages. Pour son premier arrêt, le camion médicalisé s’installera à Passamainty le mercredi 9 septembre.
RR
Le Journal de Mayotte