SPL 976 : La tête du directeur sur échafaud

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Tout est une question d’argent dans cette Société Publique locale (SPL) mahoraise. Accusé de n’avoir fait sortir aucun projet de terre malgré des avantages financiers conséquents, le directeur Saïd Issouf se défend et contre-attaque.

Bichara Bouhari Payet n'a pas attendu les conclusions de l'enquête pour agir
Bichara Bouhari Payet n’a pas attendu les conclusions de l’enquête pour agir

Le procureur a été saisi dès que la toute nouvelle présidente Bichara Bouhari Payet, conseillère départementale de Dembéni, a été élue à la présidence de la SPL 976, succédant à l’ancien président du Conseil général Daniel Zaïdani. La société qui s’était donnée comme mission lors de sa création en 2012 de proposer des logements intermédiaires et qui avait fait venir des investisseurs Chinois et Qataris pour les grands projets comme le front de mer de Mamoudzou, n’a encore rien produit.

Et ce, en dépit d’un salaire de 8.602,15 euros pour le DGS Saïd Issouf, doublé d’un parachute de 5 ans de salaires en cas de licenciement.

Saïd Issouf s’était défendu en indiquant que son émolument était équivalent à celui d’un directeur général de SPL 976 en métropole et accusait la nouvelle présidence de manigances, et l’administration du conseil départemental de bloquer intentionnellement les projets et en ne délivrant pas les baux nécessaires notamment à la sortie de terre de la Cité administrative.

Une enquête préliminaire a donc été ouverte, et des auditions et des perquisitions ont eu lieu. Si Saïd Issouf indique ne jamais avoir été entendu, la présidente a pris les devant en provoquant une Assemblée générale pour le 9 septembre qui doit, entre autre, voter la révocation du directeur général comme le montre la lettre de convocation de Issouf SAIDI

Un job enrichissant

Cité administrative, toujours dans les cartons
La Cité administrative, toujours dans les cartons

Car d’autres accusations tombent, et certaines sont liées aux émoluments du directeur : un double contrat de travail, multipliant par deux son salaire, une somme de 30.408 euros au titre du commencement d’exploitation de la société, recours à des sous-traitants pour les tâches qui lui étaient dévolues, pour une somme avoisinant les 100.000 euros, sans oublier 4% d’intéressement annuel au chiffre d’affaire de la société.

Autre reproche, celui d’une mauvaise gestion qui est détaillée dans un courrier signé par le conseil d’administration, envoyé en recommandé en date du 24 août : «l’absorption complète des capitaux propres de la société, le défaut de paiement des salariés, le défaut de paiement des cotisations sociales pour un montant de 79.000 euros!» Une faute grave de gestion, «qui motive amplement votre révocation», conclut le courrier.

Le DGS contre-attaque dans un courrier du 31 août 2015, adressé aux membres de son conseil d’administration. Il rappelle ses arguments sur un salaire justifié, et reprend les accusations sur sa gestion. Il considère qu’elle «a toujours été saine», et que les problèmes viennent toujours de l’administration centrale, accusée de bloquer les délibérations, «je vous assure que l’avenir le prouvera».

Licenciement ou révocation

Said Issouf, le DGS de la SPL 976
Said Issouf, le DGS de la SPL 976

Le recours aux prestataires extérieurs, il le justifie par son impossibilité de se transformer en «surhomme» en effectuant toutes les tâches, un conseil que lui avaient donné les administrateurs, dit-il. Sur le déséquilibre de gestion et les 8 salariés d’une structure qui n’a rien produit, il renvoie encore vers l’administration du CD.

C’est sur le terrain de «l’irrégularité» de la procédure dont il est l’objet qu’il se bat enfin : les SPL étant des entités privées, c’est de licenciement qu’il faut parler selon lui et non de révocation. Toute la logique de la procédure s’en trouverait bouleversée, puisque sa présence lors de l’AG se transformerait en entretien préalable au licenciement.

Saïd Issouf demande donc que soit retirée la question du licenciement de l’ordre du jour, «sous peine de me voir saisir le tribunal du travail et de dénoncer publiquement et médiatiquement les raisons de mon limogeage».

Un homme qui sait donc assurer ses arrières, mais un dossier complexe sur lequel il est difficile de se prononcer tant que la justice n’a pas rendu d’avis. Reste notamment à savoir pour quelles raisons les délibérations concernant les projets en cours ne sont toujours pas votées.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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