Douze plages sont interdites à la baignade à Mayotte. C’est tout dire de l’urgence à agir. L’assainissement non collectif est une des solutions envisagées pour pallier les déficiences du territoire dans ce domaine, et tendre vers les exigences européennes. Mais surtout, vers une salubrité bénéfique à tous…
L’assainissement des eaux usées est de la compétence des communes. A Mayotte, elles l’ont déléguée au SIEAM (Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Mayotte). Un syndicat en peine de généraliser l’assainissement collectif au moyen de stations d’épuration (STEP) : 19.500 équivalents habitants sont raccordés sur 56.000 raccordables et sur 48 STEP collectives seules 6 ont un fonctionnement correct.
De plus, lorsque le système de collecte existe, les habitants ne se raccordent pas, en raison du prix, mais aussi par défaut de titres de propriété.
Le recours à l’assainissement non collectif est donc envisagé, bien qu’il ne soit pas une compétence du Sieam, mais des communes. Il est majoritaire à Mayotte où 81% des habitations y ont recours, « mais chacun a son système, qui va des latrines au fond de la cour, à la fosse septique qui se vide dans un puits d’infiltration. Et qui devraient être entretenues tous les 4 ans environ », explique Christophe Riegel, Chef de projets assainissement au Sieam, qui précise que l’île a été zonée, partagée entre assainissement collectif et non collectif.
Sensibiliser les maires
Un séminaire était organisé à Sakouli ce jeudi sur proposition de l’Agence régionale de Santé sur ce sujet de l’assainissement non collectif, avec un objectif, « sensibiliser les maires ». Un outil de gestion qui a conquis La Réunion, a un nom barbare, le SPANC, le Service public d’assainissement non collectif. Il n’a pas encore été créé à Mayotte. Chargé de conseiller et d’accompagner les particuliers dans la mise en place et dans le contrôle de leur installation d’assainissement non collectif, il tire sa ressource d’une redevance.
L’expérience montre que le SPANC n’est difficilement viable à l’échelle communale, « l’intercommunalité pourrait être une solution. » Pour Saïd Omar Oili, président de l’association des maires, il ne faut pas précipiter les choses : « la loi NOTRe va attribuer aux intercommunalités la gestion de l’eau et de l’assainissement. Laissons les se créer au 1er janvier 2016, et renseignons nous sur la compétence obligatoire ou non qui sera imposée. » La mutualisation des moyens semble une solution indispensable.
Qui va payer ?
Il faut déjà apporter un diagnostic actualisé sur les installations récentes, « et nous avons jusqu’en 2020 pour le faire », indique Christophe Riegel, qui précise que les 42.000 habitations de l’île devront être visitées par le technicien des SPANC.
La commune de Bandrélé, dont le maire est issu du Sieam, a été choisie pour tester la mise en place d’un assainissement non collectif organisé, épaulée par Grégoire Dubang, acteur du Programme Solidarité-EAU.
Et cela, dans la perspective de lancer un programme expérimental plus large en matière d’assainissement non collectif, soutenu financièrement notamment par le Fond Européen de Développement Régional (FEDER-Programme Opérationnel de coopération transfrontalière européen) et l’ARS, et qui permettra aux collectivités motivées de mieux s’impliquer dans cette démarche.
Si la prise de conscience est unanime sur la nécessité d’agir pour la santé de la population, le Séminaire n’a pas permis de trancher sur le porteur de cet assainissement non collectif, l’intercommunalité ou le Sieam, qui ne s’est pas porté volontaire. On connaît déjà ses difficultés de financement et une enveloppe européenne insuffisante. Or, que ce soient les intercommunalités ou le Sieam, il faudra mettre la main au portefeuille, sur un territoire à la faible capacité contributive.
« En tout cas, nous avons un gros défi à relever », concluait Ramlati Ali, Délégué Régionale du CNFPT Mayotte.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte