La Chambre de Commerce et d’Industrie enfin opérationnelle

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La CCI de Mayotte redresse la tête. En partie grâce à une réduction de 40% de ses charges. Cette institution que le commun des mortels ne connaît pas en dehors de ses coups d’Etat à Mayotte, va faire parler d’elle à en croire les 8 thématiques choisies pour son Plan de stratégie régional. Une avancée liée à la reprise en main par la préfecture.

Les chefs d'entreprises membres de la Commission provisoire
Les chefs d’entreprises membres de la Commission provisoire

A la suite de plusieurs démissions ayant affecté la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte (CCIM), la dernière datant de novembre 2014, le préfet Seymour Morsy décide d’agir et de suspendre bureau et assemblée générale. Deux des membres du bureau ont d’ailleurs été condamnés à de la prison avec sursis ce matin même. Le préfet nomme une Commission provisoire, qu’il veut « composée de personnalités fortes », et qu’il préside, avec un double objectif : Définir le rôle de la Chambre de commerce et d’Industrie dans le développement économique du territoire, et Redresser les comptes de l’institution.

On ne parle pas de tutelle, mais d’accompagnement. Un travail bouclé, qui incitera le président de la CCIM, Ali Hamide, à tirer un coup de chapeau aux services de l’Etat, « j’ai compris à ce sujet ce que voulait dire ‘accompagnement renforcé’ monsieur le préfet ! »

Du côté des charges, elles ont été plus que rognées, « nous les avons réduites de 40% », expliquait Olivier Novou, en pointant « les charges de personnel, la révision des contrats de prestation comme le gros poste du nettoyage du marché, dont certains n’ont pas été renouvelés. »

Une Commission provisoire qui dure

Ali Hamid présente le Plan Stratégique Régional
Ali Hamid présente le Plan Stratégique Régional

Du côté des recettes, le conseil départemental qui doit rétribuer la CCI à hauteur de 12 millions d’euros pour le marché perdu du port de Longoni, « en a déjà payé prés de la moitié », rajoute Thierry Galvain, Directeur régional des finances publiques.

Une efficacité de la Commission provisoire qui a incité le préfet à profiter de l’expérience de ses membres, Isabelle Chevreuil, Saïdina Chanfi, Olivier Novou, Jean-Domnin Cauneau etc, pour la prolonger, et élaborer un Plan Stratégique Régional pour la Chambre, « et mettre en face les moyens financiers dont on dispose. »

En découlent 8 thèmes stratégiques, qu’il va falloir décliner dans l’avenir. Le premier porte sur l’évaluation des conséquences humaines, financières et administratives de la perte des contrats du port de plaisance, du marché couvert et de l’aérogare, « on n’a pas voulu rajouter le dossier sensible du port de Longoni ». Sur les trois structures concernées, une position claire est en effet attendue avec une proposition d’un modèle économique stable, « il faut pouvoir attirer les investisseurs avec un prévisionnel à plus d’un an. »

« Ne pas refaire ce qui existe déjà »

Etat et CCI main dans la main
Etat et CCI main dans la main

Les autres portent sur la création d’un Observatoire économique et d’une agence de développement avec le département, sur la mise en place d’une coopération régionale et internationale « comme nous venons de le faire avec des contacts pris au Mozambique », sur le développement des infrastructures lourdes port et aéroport, « avec une étude complémentaire sur l’allongement de la piste », dixit Seymour Morsy, ou encore sur l’Aide et l’accompagnement à la création durable d’entreprises.

Le thème sur la Formation professionnelle initiale et continue a déjà été creusé par Isabelle Chevreuil qui le chapeaute : « nous n’allons pas refaire ce qui existe, mais le compléter. Par exemple proposer aux jeunes cuisinier qui sortent du lycée de Kawéni, une formation complémentaire pour exercer en milieu scolaire ». Surtout, début 2016, une cellule d’accueil des Apprentis sera créée, en collaboration avec les UFA (Unité de Formation des apprentis). Enfin, les chefs d’entreprise pourront aussi se former, « pour aider les petites sociétés à se structurer. »

Les deux derniers chapitres portent sur l’Economie pour la gestion des déchets, chapeauté par Olivier Novou, et l’articulation au dispositif Mayotte 2025, qui regroupe malgré tout les thèmes précédents.

La ligne de conduite est de « définir les actions les moins dépensières et les plus rémunératrices », expliquait Seymour Morsy, plutôt fier de présenter un travail abouti d’un côté, et en plein en programmation de l’autre, « et le tout, en totale discrétion ! »

Quant à savoir quand on sortira de cette tutelle qui ne dit pas son nom, « vers la fin 2016, en novembre certainement », nous lâche-t-on. Ce n’est apparemment pas l’urgence du moment pour le préfet.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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