Echauffourées en marge des manifestations: 2 jeunes face à la justice

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CARNET DE JUSTICE DU JDM. Pas de photo. Pas de témoins. Simplement les témoignages de policiers face à des jeunes qui nient les faits. Ils étaient deux, placés en détention provisoire, à répondre ce mardi matin devant le tribunal correctionnel de jets de pierre contre les forces de l’ordre.

Salle d'audience code pénalLa scène s’est déroulée jeudi dernier au matin, sur le rond-point du baobab à Mamoudzou, en marge du mouvement social qui entrait dans une phase plus dure. Un barrage est érigé par plusieurs dizaines de jeunes dès le début de la matinée. Des poubelles sont enflammées sur la chaussée, l’ambiance est très tendue. Les policiers se déploient pour tenter de ramener le calme mais lorsqu’ils se positionnent, les jeunes ne s’enfuient pas. A l’inverse, ils lancent des projectiles en direction des hommes en uniforme.

Certains de ces jeunes sont à visage découvert. Les policiers établissent un procès-verbal et affirment reconnaître formellement au moins trois individus. Le premier est un mineur, il est interpellé vers 15 heures. Il nie sa participation aux faits jusqu’à ce que les enquêteurs lui présentent des photos qui le montrent en pleine action. Il fait l’objet d’une procédure devant le juge des enfants.

Un des meneurs des échauffourées

Les deux autres sont ceux qui étaient à la barre ce mardi. Âgés de 18 et 19 ans, le premier est présenté comme un des meneurs qui aurait exhorté la foule à s’en prendre aux policiers pour les blesser. Le 2e aurait directement lancé des pierres et aurait été reconnu car il avait déjà eu affaire aux policiers.
Les deux nient les faits. Ils étaient bien présents sur le rond-point du baobab mais ils étaient venus simplement voir les événements sans y prendre part, affirment-ils.

Salle des assises Code pénal«Il y a les descriptions, l’habillement, les PV d’interpellation, les auditions des policiers, leur absence d’alibi…» pointe la procureure Guégan qui dénonce les mensonges des prévenus. Elle demande 70 heures de travail d’intérêt général (TIG) pour l’un, 6 mois de prison avec sursis pour l’autre.

«A chaque fois qu’il y a des troubles urbains, on n’interpelle jamais les auteurs mais les spectateurs qui, évidemment, n’opposent aucune résistance parce qu’ils n’ont rien à se reprocher», dénonce Me Hassan leur avocate demandant la relaxe pure et simple de ses clients.

« Sanction et main tendue »

Les deux jeunes ont en leur faveur leur casier judiciaire vierge même si l’un d’eux fait l’objet d’une procédure devant le juge des enfants qui sera jugée après-demain jeudi. Ils sont également bien insérés puisque le premier est en terminale alors que le second a arrêté une formation d’ébénisterie en espérant intégrer le BSMA en formation climatisation.

Parole contre parole, c’est celle des policiers qui devient, dans cette affaire, la vérité judiciaire. Le tribunal a reconnu les deux jeunes coupables, «compte tenu des mises en cause très précises des policiers» mais aussi des arguments des jeunes jugés «peu crédibles».

Suivant les réquisitions de la procureure, le premier est condamné à 70 heures de TIG à effectuer en 18 mois et risque 6 mois de prison s’il ne les effectue pas. Le 2e écope de 6 mois d’emprisonnement avec sursis et une mise à l’épreuve de 2 ans. Il sera donc suivi par un travailleur social du SPIP et il a l’obligation de poursuivre ses études. «Une sanction et une main tendue», a expliqué le président Bourin.
RR
Le Journal de Mayotte

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