Un Conseil de notables envisagé à Mayotte pour prévenir la dérive des jeunes

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Le président du département a renforcé la surveillance de certains lieux pendant les trois jours de deuil national. Il estime que Mayotte n’est pas épargné par la menace terroriste. Ni par l’arrivée d’une tendance radicale de l’enseignement de l’islam. Alors qu’une mosquée a été détruite à Dzoumogné, un Conseil des notables est annoncé.

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"Mayotte n'est pas à l'abri du terrorisme"
« Mayotte n’est pas à l’abri du terrorisme »

La sécurité est le domaine régalien, donc de l’Etat souverain. Pays placé en état d’urgence, contrôles aux frontières, renforcement du Plan Vigipirate dans les Outre-mer… des décisions prises par le chef de l’Etat dès samedi.

Mais lors du recueillement d’une minute de silence ce lundi après-midi, le président du département l’a répété à deux reprises, «Mayotte n’est pas à l’abri du terrorisme». Ses services ont d’ailleurs monté une cellule de crise dès ce samedi, «nous avons également demandé la suspension de la grève sur les avancées sociales, pour éviter que des éléments incontrôlés puissent s’y glisser», explique Soibahadine Ibrahim Ramadani au JDM.

Il évoque les dispositions prises par le département: «le renforcement du contrôle sur les barges et amphidromes par le biais d’agents de sécurité supplémentaires, de même que dans les transports scolaires et les bâtiments administratif du conseil départemental.» Des mesures prises sur les trois jours de deuil  national, et qui s’arrêtent donc ce mardi à midi.

Mayotte proche de la zone la plus chaude

Destruction d'une mosquée en tôle à Dzoumogné
Destruction d’une mosquée en tôle à Dzoumogné

Soibahadine Ramadani l’a répété à plusieurs reprises dans son discours qui succédait à la minute de recueillement, «nous ne sommes pas loin de la zone la plus chaude de terrorisme, le Kenya, la Somalie et le Canal du Mozambique.» Pour autant, il n’a pas eu de remontée d’une évolution vers des prêches plus radicaux dans les mosquées de l’île.

C’est d’ailleurs ce qui était craint à Dzoumogné où les habitants ont détruit une mosquée ce week-end. Le précédent de Mtsangamouji où la crainte des djaoulas* avait donné lieu à la destruction de la mosquée et a marqué les mémoires.

Le cadi Ridjali de Mtsapéré répète encore que des tentatives d’intrusions d’islam radical se font à Mayotte, «des gens qui apprennent notre religion sur internet, et qui prétendent combattre en son nom.»

« Déjà 6 mosquées dans le village »

Une des 6 mosquées de Dzoumogné
Une des 6 mosquées de Dzoumogné

Nous l’avons précédé ce lundi à Dzoumogné, dans la commune de Bandraboua. Un voisin nous parle depuis sa terrasse: «il y a déjà 6 mosquées dans le village, ça ne sert à rien d’en construire une autre», et bien qu’ayant entendu les prêches, il ne veut pas se prononcer sur leur connotation, «je n’ai aucun problème avec les croyants qui s’y rendaient.»

Une mosquée en tôle, qui a fleuri au sein du quartier Majimbini, comme un gros banga, inhabituel à Mayotte où les édifices religieux sont souvent mieux finis et entretenus que la moyenne des habitations. «Ce devait être une madrassa, construite sur un terrain donné par le conseiller départemental Mhoko», explique le cadi Ridjali. Mais voilà, au lieu de l’école, c’est une mosquée en tôle qui s’élève.

Un Conseil de 400 religieux

Le Grand Cadi de Mayotte
Le Grand Cadi de Mayotte

Rajoutons «un enseignement dispensé que les gens de Dzoumogné n’apprécient pas», et la décision de détruire la mosquée est prise «par les jeunes de la commune». Et surtout, si le directeur est Mahorais, «tous les fundis sont Anjouanais.» Alors mosquée aux prêches tendancieux ou animée par des étrangers en situation irrégulière ? Difficile de trancher sur les raisons de la destruction, mais souvenons-nous que «qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage».

Pour tâcher d’y voir clair sur ce territoire somme toute pas immense, le président Soibahadine Ramadani indique vouloir former le Conseil des notables à Mayotte, «avec des cadis, les 17 maîtres coraniques du département, les représentants des imams, des oulémas (savants religieux)… environ 400 personnes.»

L’objectif serait à la fois de maîtriser l’enseignement religieux et de renforcer la cohésion sociale, «pour l’encadrement de nos jeunes qui n’ont plus de références familiales, à la fois par l’évolution de la société, mais aussi parce qu’ils viennent grossir les rangs du chômage, et sont laissés de côté.»

Un Conseil qui doit être à l’initiative du Grand Cadi qui doit désormais se prononcer.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* Pratique rigoureuse de l’islam qu’ils transmettent en se déplaçant de villages en villages

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