La découverte a été faite par des experts venus assurer le suivi de la réserve nationale de l’îlot Mbouzi pour les naturalistes de Mayotte. Deux nouvelles espèces et probablement encore beaucoup d’autres à identifier.
Longtemps éclipsée par les richesses de Madagascar ou La Réunion, la biodiversité de Mayotte ne cesse de nous offrir de belles surprises. C’est du côté du lagon que cette année se termine avec la découverte de deux nouveaux habitants, deux nouvelles espèces recensées pour la 1ère fois dans nos eaux.
La première s’appelle le «gobie nain du Mozambique» ou pour les spécialistes le «Pleurosicya mossambica». On le connaît bien dans le Pacifique, du Japon à la Nouvelle-Calédonie en passant par les Marquises (Polynésie française). C’est aussi un habitué de notre région. Comme son nom l’indique, il a été décrit pour la 1ère fois sur les côtes du Mozambique par James Leonard Brierley Smith, un ichtyologiste (spécialiste des poissons) sud-africain. Ce gobie nain vit une existence paisible de la mer rouge jusqu’à l’Afrique-du-Sud mais il est particulièrement discret, et pour cause : il ne mesure que 3 centimètres. Son corps est rouge comme ses yeux avec parfois de petites bandes blanches et de grandes nageoires ventrales.
Le spécialiste des poissons de Mayotte
Il n’avait encore jamais été observé à Mayotte et pourtant notre environnement a tout pour le séduire. Le gobie nain apprécie en effet particulièrement les récifs abrités, les coraux, les bénitiers et les algues jusqu’à 30 mètres de fond. Il a enfin la réputation d’être exemplaire dans l’éducation de sa progéniture, de la surveillance des œufs jusqu’à la protection de ses petits.
L’observation est due à Julien Wickel qui dirige un groupement d’experts en littoral et milieu marin dénommé Marex. Dès qu’il a croisé le Gobie nain, il savait qu’il n’avait jamais été répertorié chez nous. C’est en effet Julien Wickel qui a réalisé la liste des poissons de Mayotte. Mais pour assurer un cadre scientifique à l’observation, le muséum de Stuttgart a tout de même été appelé pour confirmation.
Le prédateur des étoiles de mer
La 2e découverte s’appelle Paracorynactis hoplite. Il s’agit d’un «corallimorphe», une espèce en forme de corail, qui se fixe généralement dans les crevasses et les rebords des récifs coraliens jusqu’à 28 mètres de la surface. C’est à cet endroit qu’il trouve ses proies : les petits oursins, les concombres de mer et surtout les étoiles de mer et en particulier les étoiles dévoreuses de corail. «Il s’agit là d’une nouvelle d’importance puisque ceux-ci pourraient aider à réguler les pullulations d’étoiles de mer Acanthaster et ainsi diminuer les dégâts causés à l’écosystème corallien», se réjouissent les Naturalistes de Mayotte.
De fait, le Paracorynactis hoplite est le principal prédateur de l’Acanthaster. Dès que ses tentacules entrent en contact avec sa proie, ses cellules urticantes attirent sa victime vers sa bouche avant qu’elle ne soit entièrement digérée.
Le suivi marin de la réserve de Mbouzi
Contrairement au Gobie nain, sa présence à Mayotte n’était pas évidente. On le trouve généralement bien plus à l’Est, dans les récifs coralliens d’Australie, d’Indonésie, de Malaisie ou encore des Philippines.
Pourtant pas de doute : s’il n’a été observé qu’une seule autre fois dans notre région, sur les côtes du Mozambique, c’était déjà par Julien Wickel, à qui on doit, là encore, la découverte. Cette fois, l’identification a été attestée par un des spécialistes mondiaux de l’espèce, le Dr Arthur Bos, professeur de biologie marine à l’université américaine du Caire.
Pour assurer ces observations, Julien Wickel était accompagné de Jean-Benoît Nicet, lui aussi membre de Marex. La structure créée à La Réunion rassemble des spécialistes qui interviennent depuis plus de 15 ans notamment dans l’océan Indien et les collectivités françaises d’Outre-mer. A Mayotte, ils étaient donc aux abords de l’îlot Mbouzi au début de ce mois de décembre pour assurer le suivi de la partie marine de la réserve, un travail déjà effectué en 2010. Des découvertes qui offrent une preuve supplémentaire de la richesse encore largement méconnue de notre lagon.
RR
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