Justice- Dégâts matériels et moraux contre sa maman

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Le tribunal de Mamoudzou
Le tribunal de Mamoudzou

Il arrive menottes aux poignets, la main droite prise dans un lourd bandage : I.H. a « saccagé » la maison de sa maman, selon le terme même de la procureur. Elle était en train de préparer la cuisine ce 26 septembre 2015, lorsqu’il est entré pour lui demander de l’argent. En réponse à son refus, il va renverser la table de cuisson au sol, puis, plus tard, casser le lit maternel alors qu’elle y est allongée. Elle prend peur et dépose plainte le lendemain à la gendarmerie.

Lorsqu’ils arrivent sur place, c’est un tableau de désolation que vont découvrir les gendarmes qui décrivent « la porte d’entrée fracturée, la télévision à terre, aux côtés de la table de cuisson et du lit ».

Grand, costaud et énervé

I.H. reconnaît les faits : « Il me fallait de l’argent pour consommer du chimique. J’étais énervé », se défend-il. Il dit avoir18 ans, « vous êtes grand et costaud », relève le juge Banizette, « qu’arrivera-t-il si vous vous en prenez à quelqu’un ?! »

Sa récente majorité n’empêche pas ses multiples condamnations : « cinq fois par le tribunal des enfants », et le juge égraine les vols avec effraction, dégradations, les menaces avec armes. C’est d’ailleurs un vol et faits de violence en réunion qui lui valent d’être encadré par deux gendarmes ce mardi.

La maman n’a qu’une phrase, en forme d’aveu d’échec : « Qu’il ne revienne pas chez moi en sortant de prison ! ». C’est possible maintenant qu’il est majeur, c’est d’ailleurs ce qu’ordonnera le tribunal.

Sortie de prison reportée de 5 moisSAMSUNG DIGITAL CAMERA

La procureur fera remarquer que les destructions portent sur des objets vitaux au quotidien de sa maman, « c’est compliqué pour elle de s’en sortir. » Pour elle, le jeune est déjà dans un engrenage appuyé de la délinquance, « son casier montre qu’il n’a que faire des avertissements et des mesures éducatives », et plus que les effets du chimique, parle d’un jeune « qui ne supporte pas la frustration de manière générale ». La magistrate demandait 8 mois de prison, dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve.

On a bien une idée de la sanction idéale, celle qui lui imposerait de tout remettre en état chez sa maman, surveillé par un tuteur dans le cadre d’un travail d’intérêt général.

Ce n’est pas tout à fait ce qu’a ordonné le juge qui le condamne à 6 mois de prison, dont un avec sursis, avec mandat de dépôt, « vous ne sortirez donc pas de Majicavo en juin, mais 5 mois plus tard », assorti de mise à l’épreuve pendant 3 ans, « dont l’interdiction de fréquenter la victime, l’obligation de financer les réparations, de se soigner pour arrêter le chimique, de travailler et se former pour ne pas rester oisif à la sortie de prison et de verser 3.000 euros à votre maman en guise de dommages et intérêts. »

I.H. passe une nouvelle fois devant sa maman, menottes aux poignets.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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