«Quand les langues s’en mêlent»

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Le Colloque organisé en novembre 2014 sur l'adolescence à Mayotte
Le Colloque organisé par Fikira en novembre 2014 sur l’adolescence à Mayotte

Les questions liées à la langue ou plutôt aux langues n’ont jamais autant été d’actualité. Alors que le premier dictionnaires Kibushi-Français vient d’être édité, les enseignants bénéficient depuis cette semaine de sessions d’apprentissage de la langue mahoraise. Il s’agit de leur donner des clés d’échanges avec des élèves dont la plupart ont le shimaoré comme langue maternelle.

Pour son 3ème colloque, l’association «Fikira de Mayotte et d’Ailleurs» veut donc réfléchir Mayotte au travers de ses langues, maternelles, étrangères, administrative. «Dans ce jeune département en pleine mutation, plus de la moitié des personnes en âge de travailler ne maitrisent pas le français écrit», rappelle l’association citant les chiffres de l’INSEE. «Véritables marqueurs culturels, toutes ces langues plongent les habitants de Mayotte dans une expérience transculturelle quotidienne».

Fikira veut donc proposer une vaste réflexion de fond sur l’avenir de ce plurilinguisme actuel mais aussi plus largement sur le ou les destins réservés à ces héritages culturels.

Fikira colloque Nov 14Les travaux de l’association s’adressent d’abord à tous ceux qui sont concernés par les problématiques de santé en général et de santé mentale en particulier, aussi bien à Mayotte que dans l’ensemble de la région Océan Indien, pour adapter les
pratiques, les outils et d’améliorer les dispositifs en place.
Et Fikira est désormais coutumière de colloques de très grande qualité qui proposent des approches pluridisciplinaires, parfois étonnantes, et toujours enrichissantes. Une telle réflexion est en effet extrêmement rare dans notre département.

Propositions de communication

Fikira invite donc tous les professionnels de Mayotte et d’ailleurs, sensibles à cette problématique, à prendre part à ce colloque prévu fin novembre, non seulement dans le public mais également en tant qu’intervenants. Ce colloque se veut en effet «un espace de réflexions et de partage d’expériences», l’association attend donc des propositions de communication* avant la fin du mois de mai prochain.

Il sera intéressant de suivre ces travaux comme un lointain écho à un précédent colloque sur le plurilinguisme organisé en mai 2010 à Mayotte. Il s’interrogeait à l’époque sur «le déficit de l’apprentissage du français après un siècle et demi de présence française?»

Le premier dictionnaire Kibushi-Français édité au mois de février 2016
Le premier dictionnaire Kibushi-Français édité au mois de février 2016

Cinquante chercheurs étaient alors présents et s’interrogeaient sur la cohabitation des langues, en particulier à l’école: «l’échec scolaire peut-il être solutionné par l’enseignement d’un bilinguisme, français-shimaoré?» se demandait-on alors… Depuis la rentrée de septembre 2015, pour la 1ère fois, des classes de maternelle mettent en œuvre un passage gradué du Mahorais au Français.

Les langues, bras armés de la puissance

A l’époque, Foued Laroussi, professeur à l’Université de Rouen et organisateur de ce Colloque, estimait que «toutes les langues, arabe, latin ou grec, sont arrivées par la colonisation : une langue sans armée ne peut pas s’imposer», disait-il, mais peut-elle survivre était-on déjà tenté de se demander. «La maîtrise du français ne doit pas faire table rase des langues mahoraises qui sont des éléments constitutifs de la personnalité des citoyens mahorais», indiquait-il déjà.

A Mayotte, en 2010, Marie-Claude Penloup, de l’université de Rouen notait aussi que «la situation n’est pas différente des autres pays du monde où la langue parlée à la maison n’est pas celle enseignée à l’école. Or le discours étatique et institutionnel est sourd à ce qui est prouvé par les recherches effectuées dans les autres pays où le multiculturalisme existe»… Le colloque de 2016 sera donc peut-être l’occasion de (re)découvrir ces recherches alors qu’incontestablement, l’état d’esprit a changé, pour s’approcher d’une véritable reconnaissance du véritable multiculturalisme mahorais.

RR
remi@lejournaldemayotte.com

*Voici les documents pour envoyer une proposition de communication.

2 Commentaires

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