Les syndicats du département, la plus farouche des oppositions

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Boinahedja Haoussi (CGT Ma), Mansour Soulaimana (Sud CT 976) et Djoumoi Djoumoy Bourahima (CFE CGC)
Boinahedja Haoussi (CGT Ma) et Djoumoi Djoumoy Bourahima (CFE CGC) lors du 1er point presse de l’intersyndicale (Image d’Archives)

Elle a tout de suite annoncé la couleur. «Non maîtrise de la masse salariale, recrutements incohérents avec le plan de redressement, instances consultatives bafouées, opacité, usage de faux comme stratégies de gouvernance…» L’intersyndicale du conseil départemental a sonné la charge, lourde, contre la politique menée et peu de choses trouve grâce à ses yeux.

«L’administration souhaitant ne pas s’entretenir avec les représentants du personnel, alors que nous avons toujours opté pour le lavage de notre linge sale à la maison, nous avons pris le parti d’interpeller ceux qui voudraient bien s’entretenir avec nous», pose d’emblée Haoussi Boinahedja face aux journalistes. Car depuis son précédent point presse, la majorité politique a changé mais pas les récriminations syndicales… Depuis, FO a même rejoint les syndicats CFDT, Sud, CGT Ma et CFE CGC.

Voici donc, à nouveau, les syndicats qui tentent de «donner un aperçu des choses de l’intérieur de la maison mère» car depuis un an, ces organisations ont avant tout senti du mépris à leur égard et vis-à-vis des représentants du personnel en général.

Les syndicats n’ont par exemple par digéré que le président du département se demande si le comportement des représentants du personnel n’était pas mu par des intérêts privés… Alors que les membres du comité technique venaient d’émettre un avis défavorable à la réorganisation des services, le président sous-entendait que ses représentants «n’auraient pas été servis».

Un «culte de l’opacité»

Ce comité technique (CT) focalise d’ailleurs beaucoup de grognes syndicales que ce soit l’annulation «sans motif» de celui du jour, ou lorsque le CT serait cité par «l’administration» alors que des délibérations n’y auraient pas été étudiées. «L’administration produit des faux et fait usage de faux», s’emporte Allaoui Askandari.

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Les politiques, cibles des syndicats, quelle que soit les membres de la majorité

«Il y a difficulté manifeste sinon volonté de passer outre le respect des termes du règlement intérieur et des lois dont il découle», ajoute Haoussi Boinahedja. «Le jour où un semblant de données est présenté en réunion de CT pour l’information des représentants de personnel, les productions sont d’une qualité extraordinairement préoccupante. Est-ce-là, une des stratégies contribuant à entretenir de manière des plus subtiles ce culte de l’opacité?»

Méthodes politiques en question

L’intersyndicale s’interroge aussi sur les recrutements en pleine période de redressement budgétaire (leur nombre et les choix opérés) et le régime des indemnités «aléatoire» en fonction des agents. Elle vise finalement, le cœur même des choix politiques qui sont arrêtés : «Ils pensent souvent avoir pris des décisions mais ce ne sont que des chimères…» soutient Allaoui Askandari.

«En matière de déploiement de politiques publiques, il y a des règles, des étapes à observer: la mise à l’agenda politique, l’élaboration de la politique, la décision politique, la mise en œuvre et finalement l’évaluation. Rien de tout cela n’est observé».

Askandari Allaoui s'est opposé à la nouvelle organisation lors du Comité technique
Askandari Allaoui, un opposant farouche attaché aux rôles du Comité technique

Et l’intersyndicale de dénoncer des incohérences qui peuvent découler de ce processus politique qui serait ignoré. Pour les syndicats, l’exemple parfait est la direction de la culture et de la communication, annoncée par le vote d’une délibération le 10 décembre dernier. «Deux mois plus tard, avec la réorganisation, cette direction n’apparaît même pas dans l’organigramme…» constate Allaoui Askandari.

Jeu de pouvoir

Si on ajoute à cette longue liste de récriminations «le mystère insoluble des AOTM», ces agents et ouvriers territoriaux de Mayotte à l’intégration sans cesse repoussée au sein de la fonction publique de droit commun, ces syndicats se présentent plus que jamais comme une opposition vigoureuse face à des politiques qui minimisent la portée de leurs paroles. Ils ont probablement tort.

Car si les syndicats, «malgré tout», veulent jouer le jeu du dialogue social, ils n’hésitent pas à menacer du déclenchement d’un mouvement «dans la maison mère». A moins que pour les politiques, le clash ne soit le moyen de rappeler qui est effectivement aux manettes…

RR
www.lejournaldemayotte.com

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