Face au vaste champ de déchets que représente encore notre île malgré les politiques d’élimination des déchets mises en place, des Assises de l’Education à l’environnement et au développement durable (EEDD) s’étaient tenues en décembre dernier à Tsingoni. Elles avaient conclu sur la nécessité de fédérer les énergies qui sont dispatchées un peu partout sur le territoire, mais aussi sur l’indispensable éducation des adultes, « face à l’urgence, nous ne pouvons pas attendre que nos enfants deviennent les adultes responsables de demain », avait souligné la coordinatrice EEDD.
Bref, comme le reprend le chef d’orchestre Houlam Chamssidine, président de la Fédération Mayotte Nature Environnement, citant Nelson Mandela : « Aucun de nous en agissant seul, ne peut atteindre le succès. »
Canettes ou four, même destin
Mais ils étaient bien seuls justement les acteurs de l’environnement ce mercredi matin de deuxième journée des Assises, au sein du vaste hémicycle Younoussa Bamana du conseil départemental. Surtout qu’il s’agissait de rendre compte aux élus du travail à mener pour améliorer les politiques d’éducation à l’environnement et au développement durable. Des notions abstraites sûrement pour nos élus, puisqu’aucun n’était présent…
Bien sûr des ateliers et des commissions sont montés : sur la communication, sur le fonctionnement et la gouvernance du réseau EEDD, sur les outils pédagogiques à mettre en place et sur sa coordination. Mais les volontés se heurteront toujours à un geste, celui de l’enfant ou de l’adulte qui jette sa canette par la portière de la voiture, du villageois qui ne sait que faire de son vieux four et qui le laisse sur le bord de la route, de la bouéni, trop loin d’une poubelle, qui dépose ses déchets devant sa porte, attendant l’action les pluies balayeuses de détritus…
Utiliser la répression
Des exemples qui impliquent des politiques d’explications intensives et répétitives des élus locaux, et répressives : les habitants eux-mêmes demandent que les débordements soient verbalisés. En tentant peut-être un vocabulaire plus terre à terre que « développement durable » qui évoque tout et rien à la fois aux habitants. Tant que ces solutions ne seront pas appliquées, tous les plans et Assises du monde ne serviront à rien.
Ce qui justifie donc la colère de Houlam Chamssidine contre les élus : « Leur absence est révélatrice ! Ils ne fonctionnent que par « affichage ». L’inscription du lagon au patrimoine de l’UNESCO en est un exemple : aucune action concrète sur l’environnement ne figure à leur plan de mandature. »
En ce qui concerne les élus locaux, leur absence n’a finalement rien d’étonnant puisque chaque week-end, ce sont des associations qui prennent en charge le nettoyage des plages en conviant régulièrement la presse, un travail qui relève quand même de la municipalité…
Finalement, le plus important dans les actions qui seront menées en 2016 est bien la mise en réseau, « pour donner les moyens aux associations de réussir leurs projets », en attendant que les habitants comprennent l’intérêt qu’ils pourront tirer d’une île propre, et que les élus s’en sentent responsables.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte