Ce n’est pas pour rien que la structure porteuse du Centre d’Action Médico-sociale Précoce (CAMSP) de Toioussi s’appelle SOS. Un secours à destination des plus démunis, qui a incité ce groupe national SOS à reprendre deux structures qui y œuvraient à Mayotte, les associations Tama et Toioussi.
C’est en 2002 que l’association Toioussi était créée, et agréée en 2012 par l’ARS, l’Agence régionale de Santé, au travers de deux structures, l’Institut Médico-légal, qui accueille les enfants et les jeunes en situation de déficience intellectuelle, et le Service d’Education Spéciale et de Soins à domicile (SESSAD), qui accompagne les jeunes en situation de handicap et leurs familles.
Mais, comme l’expliquait Philippe Duret, directeur de Tama, qui s’exprimait au nom de la présidente de Toioussi, Jocelyne Nombamba Fatouma, « les troubles intellectuels ou auditifs des 300 enfants suivis peuvent être minorés par une prise en charge plus rapide. » D’où l’inauguration ce vendredi de la 3ème carte de Toioussi, le Centre d’Action médico-sociale précoce (CAMSP), situé non loin du lycée Bamana de Mamoudzou, « le premier de l’île. »
Parcours de rééducation pour le jeune enfant
Projet porté par son ancienne directrice Claire Alik qui l’avait ouvert il y a 8 mois en collaboration étroite avec la coordinatrice des PMI, Marie-Claude Lescourant, il a déjà accueilli 76 enfants.
Des enfants adressés par les professionnels de santé, « essentiellement les structures de Protection maternelle Infantile, mais aussi par l’hôpital », nous explique Virginie Lambert, la nouvelle directrice de Toioussi, qui détaille ensuite le suivi de l’enfant : « Il est systématiquement vu par le docteur Godier chez nous, qui demandera un bilan de psychomotricité ou d’orthophonie ou de kiné, en fonction des troubles dépistés. »
Car il s’agit bien d’agir le plus tôt possible, « pour ensuite l’intégrer dans un suivi de rééducation, plus ou mois long en fonction des capacités de l’enfant. » Dès 6 ans, si les troubles persistent, son dossier sera examiné par la Maison départementale des Personnes Handicapées (MDPH), qui pourra décider que l’enfant est scolarisable avec ou sans accompagnement personnalisé, ou l’adresser vers l’Institut médico Educatif.
Nécessité d’extension
Et avec 76 enfants, le Centre d’Action médico-sociale précoce est déjà victime de son succès, « plusieurs enfants sont sur liste d’attente », explique la directrice.
D’un cofinancement ARS (80%) et conseil départemental (20%), l’établissement est effectivement condamné à se développer. « C’est en effet une première réponse, mais partielle », convient François Lodieu, Responsable du Pôle offre de soins, à l’ARS, qui annonce que la programmation actuelle de 28 places, qui équivaut au 76 enfants suivis, « va progressivement être amenée à 40 places. C’est difficile d’évaluer le potentiel en accueil supplémentaire, qui dépend fortement du handicap. »
De plus, l’objectif est aussi de décentraliser les sites sur l’île « pour aller au plus prés de la population et des professionnels de santé. »
Professionnalisation du secteur social
Guy Fitzer, Sous-préfet en charge de la Cohésion sociale et de la Jeunesse, y voit une réussite à plus d’un titre : « Outre la preuve qu’on peut travailler main dans la main Etat-Conseil départemental, je voudrais souligner qu’à Mayotte, beaucoup d’associations font ‘à la place de’. Les partenaires dans leurs domaines respectifs doivent prendre leurs responsabilités, et seul un travail commun, regroupant par exemple l’Etat, le conseil départemental et les associations, pourra porter ses fruits. Mais il faut aussi sensibiliser la société mahoraise qui ne doit plus envisager le handicap comme un tabou. »
De leurs côtés, les PMI regardent aussi vers l’avant, comme l’explique Marie-Claude Lescourant : « nous avons d’autres projets avec Toioussi, notamment en étroite collaboration avec le CAMSP et le Centre de Ressources Interrégional Autisme, toujours sur la détection de handicap précoce. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte