L’information que révèle le Journal de Mayotte confirme que la leptospirose reste un problème de santé publique à Mayotte. La maladie a fait une victime, décédée à l’hôpital de Mramadoudou, alors que le nombre de cas atteint des niveaux inégalés dans le département.
La personne décédée est un homme de 38 ans qui s’est rendu une première fois à l’hôpital pour consulter pour des symptômes grippaux. A priori, rien d’anormal, la grippe circule en effet en ce moment à Mayotte. Mais le patient est revenu trois jours plus tard alors que son état s’était aggravé.
Son cas laisse alors apparaître une suspicion de leptospirose. Il est logiquement placé sous traitement antibiotique mais il va rapidement décéder. Les analyses réalisées après son décès ont bien confirmé qu’il était atteint de leptospirose.
Il faut remonter à 2012 et 2013 pour trouver des décès liés à la leptospirose dans notre département mais à chaque fois, le tableau clinique des patients était bien plus compliqué. Il faut aussi rappeler qu’environ 80% des cas ne nécessitent pas de traitement particulier.
2016, une année particulière
Les premiers cas de leptospirose humaine à Mayotte ont été rapportés en 1998 au Centre National de Référence (CNR) des leptospiroses. En 2008, une surveillance spécifique de la maladie a été mise en place et chaque cas fait l’objet d’une investigation pour décrire les cas, les causes et l’évolution de la situation de la maladie à Mayotte. Et cette année 2016 sort particulièrement du lot.
Jamais le nombre de cas n’avait été aussi important dans notre département. Les pics de 2011 et 2014 de 170 cas vont être largement dépassés. Nous en sommes déjà à plus de 150 patients diagnostiqués depuis le début de l’année. Certes, le mois d’avril représente traditionnellement un pic suivi d’une chute très importante du nombre de cas mais nous pourrions nettement dépasser les 200 malades confirmés cette année.
Pour mémoire l’an dernier, 90 nouveaux cas de leptospirose avaient été comptabilisés.
Une flambée encore inexpliquée
Pour autant, malgré la forte présence de la maladie, le nombre de victimes est relativement faible chez nous, bien moins important qu’à La Réunion ou qu’aux Seychelles rapporté aux cas diagnostiqués. Mayotte est en effet concernée par les formes de la maladie présentes chez nos voisins mais aussi par une forme particulière, co-découverte par les équipes du CHM, qui semble moins violente.
Impossible de connaître les causes précises de la flambée de cas de ces dernières semaines. Bien sûr, les conditions géographiques et climatiques du département sont favorables à la survie prolongée des leptospires (bactéries responsables de la maladie) dans le milieu extérieur comme les sols humides, les boues et les eaux douces.
Ces leptospires sont susceptibles d’infecter un grand nombre de mammifères sauvages (rongeurs et insectivores comme les rats, les hérissons, les musaraignes, etc.) et domestiques (bovins, ovins, caprins, porcs, chiens) qui les rejettent ensuite dans leur urine. Les bactéries peuvent survivre plusieurs mois dans un milieu humide et chaud.
Pour autant, est-ce la chaleur record ou les pluies particulièrement fortes de cette saison qui sont à l’origine de cette poussée? Est-ce simplement des médecins plus attentifs à la maladie ou des patients qui consultent plus facilement? Une enquête plus précise devra l’expliquer à la lumière du mode de vie des personnes concernées. L’an dernier, les études de l’Agence régionale de santé (ARS) avaient mis en évidence que sur les 90 cas recensés, 2 sur 3 pratiquaient le jardinage ou l’agriculture, 2 cas sur 3 pratiquaient des loisirs aquatiques et 1 cas sur 3 marchait pieds nus.
RR
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*La leptospirose, une maladie bactrienne :
Les leptospires sont des bactéries responsables de manifestations cliniques allant du syndrome grippal bénin jusqu’à un tableau de défaillance multi-viscérale potentiellement mortelle. Des formes sans symptômes sont également couramment décrites.
Dans son expression typique, la leptospirose débute après une incubation de 4 à 19 jours, par l’apparition brutale d’une fièvre avec frissons, douleurs musculaires (myalgies), maux de têtes (céphalées), troubles digestifs fréquents puis évolue en septicémie avec atteintes viscérales : hépatique, rénale, méningée, pulmonaire…
Les signes cliniques initiaux peu spécifiques (céphalées, fièvre, myalgies) peuvent conduire à un retard diagnostique et thérapeutique par confusion avec des diagnostics différentiels tels que la grippe, le chikungunya ou la dengue.