Après l’affaire de Choungui, toujours aucune solution. Les réunions se succèdent mais le sort des personnes chassées du village n’est toujours pas totalement réglé. Les dizaines de personnes qui étaient encore présentes la nuit dernière ont été réparties en 4 groupes. Comme le JDM l’annonçait ce matin, ce sont les associations Solutions éducatrices, Comité comorien du sud de l’île et deux autres associations communales qui leur ont trouvé des hébergements temporaires. Après les refus d’autres communes du sud, c’est vers le nord de Grande Terre que ces personnes de nationalité comorienne en situation régulière ont été orientées, vers les communes de Dembéni et Tsingoni par exemple.
«On attend encore les réponses des autorités compétentes. Il faut qu’elles se réveillent», insiste Kamaralay Djamil Saïndou, représentant de Solutions éducatrices. Car ce mercredi soir, de nombreuses questions deviennent particulièrement épineuses.
Il y a d’abord la scolarité des enfants dont les parents ont été chassés de Choungui. Les associations estiment qu’ils sont environ 90. «Le droit à l’éducation est une valeur fondamentale de la République française. Avec une telle situation, c’est un droit qu’on met en péril», dénonce Kamaralay Djamil Saïndou.
Des enfants dans les rues
Et de fait, si on prend l’exemple de précédentes familles «décasées», une grande partie des enfants n’a pas retrouvé le chemin de l’école.
Au début du mois d’avril, après que des Comoriens aient été chassés du village de Chirongui, une école maternelle avait perdu près des deux tiers de ses élèves, une école primaire près de 60% de ses enfants. Un mois après, à peine la moitié d’entre eux est revenu dans les établissements. L’autre moitié a disparu dans la nature, sans que l’on sache si ces enfants sont scolarisés ailleurs.
«Le risque est double. D’abord, on peut mettre des enfants dans la rue, ce qui n’est pas acceptable. Ensuite, dans les communes où les gens sont déplacés, est-ce que les écoles vont pouvoir accueillir ces enfants sans créer de nouveaux problèmes?» se demande Kamaralay Djamil Saïndou, alors que des questions administratives, comme le fait de justifier une adresse pourrait compliquer le retour des petits en classe.
«Ça risque d’éclater»
Et si la situation à Choungui est loin d’être apaisée, de nombreuses rumeurs enflamment les villages du sud mais aussi les réseaux sociaux. En plus de l’opération de villageois de Bouéni contre des Comoriens annoncée pour ce weekend, certains évoquent de nouveaux «décasages» à Kani-Kéli, Mzouazia et Chirongui.
«Il faut que les dirigeants de Mayotte prennent conscience que ça peut très mal tourner. Actuellement, c’est la population qui fait la loi et il ne faut pas laisser faire. Parce que, d’un côté, comme de l’autre, ça risque d’éclater. Les gens vont finir par se dire, ‘pourquoi ne pas se battre’?» s’inquiète Kamaralay Djamil Saïndou.
Et de fait, des SMS et des messages relayés sur Facebook utilisent des mots comme «combattre», «s’auto-défendre», «rendre la monnaie à ses villageois»… Il est en effet grand temps qu’une parole politique forte vienne combler un vide qui devient insupportable et laisse le champ libre à l’embrasement d’une société.
RR
www.lejournaldemayotte.com