Le mari, l’amant, le frère et la bouéni

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Salle d'audience entréeC’est une histoire à trois protagonistes. D’abord, une femme, mariée cadialement. C’est du moins ce qu’affirme le mari. Tous les deux tiennent une petite boutique de vêtements à Dzoumogné. Mais depuis quelque temps, un autre homme est souvent présent dans la cour de leur banga. C’est l’amant de la femme. Mais les deux hommes ne savent rien l’un de l’autre. Ils sont tous les deux persuadés que l’autre est un frère ou un cousin.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, leur vie a basculé. Il est plus d’une heure du matin lorsque le mari se rend compte que son épouse ne dort pas à ses côtés. Il se lève, va visiter les différentes pièces du banga. Il va alors découvrir sa femme, nue, dans une position qui ne laisse place à aucun doute. Il comprend tout de suite que le frère est en réalité l’amant.

Le mouvement de colère va être terrible. Discrètement, il quitte la pièce, attrape un rondin, retourne dans la chambre et commence à frapper le couple illégitime avec une extrême violence. L’épouse reçoit des coups au visage et dans le dos. Elle tombe du lit.
Elle n’était pas présente à l’audience pour cause d’intervention chirurgicale à l’hôpital.

L’amant laissé gisant dans son sang

Puis, c’est au tour de l’amant d’être tabassé. Il parvient tout de même à prendre la fuite, mais le mari furieux le rattrape dans la brousse. Coups de bâton, coups de pieds, le malheureux parvient à peine à respirer quand le mari le laisse, gisant sur le sol. Traumatisme facial, fractures de la mâchoire, vertèbres abîmées, des plaies multiples… Les gendarmes ont même découvert une de ses dents sur le lit. Les blessures sont sévères, l’amant porte d’ailleurs une minerve à l’audience et son visage est encore marqué par les blessures.

Salle d'audience A la barreIl ne peut parler qu’avec difficulté mais il parvient tout de même à demander au prévenu… s’il est vraiment le mari et non le frère… Dans la salle d’audience, face à la gravité de l’affaire, le public tente de retenir des sourires.

«A quelqu’un d’autre, je n’aurais jamais fait ça»

«Vous aviez conscience que vous pouviez les tuer?» demande la procureur Prampart. Il le sait même si ce n’était pas son intention. C’est d’ailleurs lui qui a appelé les pompiers et les gendarmes. C’est également le mari qui va indiquer qu’il a renversé le scooter de l’amant avant d’y mettre le feu.
Si l’homme s’est senti lourdement trahi, «le contexte explique les faits mais ne les justifient pas», précise la procureure. Elle requiert deux ans de prison dont 18 mois ferme.

«Depuis qu’il est à Mayotte, il n’a commis aucun écart», plaide Me Rahmani, l’avocat du mari qui est d’origine anjouanaise. «Ce n’est pas de la jalousie parce qu’il n’y a pas eu de préméditation de son geste».

La dent est confisquée

«Elle était dans mon lit. Si ça avait été quelqu’un d’autre, je n’aurais jamais fait ça», indique le prévenu, comme ultime défense.

Aux gendarmes, l’épouse a précisé qu’elle ne voulait plus avoir affaire à lui. Ce sera probablement le cas. Le mari trompé a été condamné à 8 mois de prison ferme, avec un maintien en détention. Il écope également de 3 ans d’interdiction de territoire.

Les scellés ont enfin été confisqués. Il s’agit du rondin de bois et de la dent retrouvée par les gendarmes que l’amant a donc perdu à tout jamais.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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