Le Salon du tourisme et des loisirs s’étoffe. Le thème de cette année y est pour quelque chose : en proposant le thème du « Patrimoine culturel », les origines de Mayotte, et donc les continents avoisinant, africain et asiatique, étaient représentés. « Nous accueillons 105 exposants cette année, soit 40 de plus que l’année dernière », souligne Michel Ahamed, le directeur du CDTM.
Les stands sont enfin conçus pour faire rêver, ce qui est quand même l’objectif d’un Salon. On ne sait qui de Terre des Indes ou Zen Cocoon aurait eu la palme s’il y avait eu un concours.
Dans son coin, un artisan de Sada pétrit la terre pour un mouler un pot, alors qu’à côté, les mamas shingos de Bandrélé proposent leurs paquets de sel dans leur écrin de vannerie. Plus loin, dans l’allée des objets d’art, Maily s’applique : elle dessine deux fauves selon la technique qu’on lui a apprise.
104.300 potentiels consommateurs de tourisme local
La forte délégation d’élus du conseil départemental (presque tous les conseillers et conseillères), mais aussi pour la première fois, la présence de communes, Tsingoni, Chirongui, Sada et bien sûr Mamoudzou qui expose son Plan paysager, ont de quoi rassurer la présidente du CDTM, Fatimatie Razafinatoandro : « Nous sommes tous à la fois acteurs et consommateurs du tourisme. »
Et donc, si depuis quelques années le Comité de Tourisme mise sur le lagon pour vendre la destination, il a axé sa politique en direction des autochtones : « Et ils ont les moyens », poursuit la présidente, « puisque 104.300 résidents ont voyagé l’année dernière, dont 52% pour des loisirs en métropole, à La Réunion, à Madagascar, ou ailleurs dans la région. »
Outre la cherté des tarifs de l’aérien, le handicap de Mayotte est l’insuffisance de structures hôtelières, « nous avons moins de mille lits. Je demande au préfet et aux élus de s’engager sur le foncier pour réaliser les investissements hôteliers. »
Des terrains non libérés
Mayotte n’attire que 120.00 touristes par an, essentiellement des familles et amis, « 85% se déclarent satisfaits », remarquait le préfet Frédéric Veau. On peut même estimer qu’avec l’image dégradée de Mayotte, le chiffre est estimable, et ne peut que grimper qu’au fur et à mesure de la maitrise de la délinquance et du foncier. Le représentant de l’Etat n’éludait d’ailleurs pas le problème sécuritaire, qu’il plaçait première position des freins vers la destination, « le groupe sécuritaire de proximité qui patrouille le soir à Mamoudzou est en place ».
Pour développer l’offre, les moyens sont mis en place, selon le préfet, « 16 millions d’euros d’investissement sur le contrat de projet et les fonds européens », mais dépendant d’investissements hôteliers, qui dépendent eux-mêmes du foncier. « Ni l’Etat, ni le conseil départemental ne débloque les terrains », déplore Michel Ahamed, « ils butent toujours sur l’occupation coutumière sans que de réelles solutions soient apportées. »
Pourtant, l’accompagnement du département est fructueux selon lui, et malgré une stagnation du budget, 2,1millions d’euros, dont 90.000 euros sont dépensés dans le salon, il sent une réelle volonté politique, « je n’ai jamais vu autant d’élus à une inauguration du Salon. »
Le Salon du tourisme, c’est jusqu’à demain soir, avec une cérémonie de clôture à 19h.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte