Mayotte : Une biodiversité riche et encore méconnue

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Les couleuvres trouvent parfois refuge dans les habitations
Rémy Eudeline présentait les atouts et les menaces de la biodiversité
Rémy Eudeline présentait les atouts et les menaces de la biodiversité

Pour le premier volet de ses Rencontres Nature-Patrimoine, l’association les Naturalistes brossait ce samedi matin, un tableau incluant les spécificités de chaque espèce répertoriée à Mayotte, et c’est dommage que seulement une vingtaine de personnes en ait bénéficié, malgré la gratuité de la conférence au cinéma Alpa Joe.

Aux manettes, deux enseignants de SVT, Paul Deparis et Rémy Eudeline, qui ont passé en revue la flore, et la faune, les crustacés, les insectes, les poissons d’eau douce, les amphibiens, les oiseaux et les mammifères de l’île.

Le premier enseignement à en tirer, c’est que les chercheurs sont encore loin d’avoir cerné toute la biodiversité. Certaines espèces d’insectes notamment, ont été répertoriées en 2009 seulement, comme le Trichoptères (proche du papillon de nuit) « dont 3 nouvelles espèces découvertes représentent une avancée scientifique », d’autres ne sont pas inventoriées.

Danger critique d’extinction

Crabier blanc photographié sur l'îlot M'bouzi
Crabier blanc photographié sur l’îlot M’bouzi

Les amphibiens ne sont pas mieux lotis, surtout les grenouilles : « On en relève deux espèces, mais elles ne sont pas décrites et ne sont donc pas nommées, et donc pas en état d’être protégée. »

Parmi les trois espèces de reptiles endémiques de l’archipel des Comores, l’un d’eux perd ses écailles lorsqu’il est menacé, « elles repoussent une semaine après. »

La deuxième remarque porte sur une alerte : certaines espèces comme la couleuvre Liopphidium Mayothesis, endémique à Mayotte, ou le crabier blanc, sont en danger critique d’extinction. Trois sont en danger d’extinction, le Héron de Humblot, la Grande Aigrette et le Martinet noir africain.

Sur un si petit territoire, humains et espèces animales cohabitent de plus en plus difficilement : « La population de l’île a triplé en 17 ans, avec une densité 5 fois supérieure à la métropole. »

Découverte de 21 espèces depuis 3 ans

Un maki
Un maki

Les principales menaces égrainées par Rémy Eudeline, sont la fragmentation de l’habitat, avec une forêt qui se réduit, l’invasion biologique, notamment les escargots et les rats nuisibles aux autres espèces, la surexploitation de certaines espèces, les évènements naturels, comme les tempêtes tropicales ou le blanchiment des coraux et les activités humaines comme le braconnage ou les dérangements de l’habitat.

Plus les campagnes d’inventaires se multiplieront, plus les suivis permettront de protéger les espèces menacées. Depuis leur implantation en janvier 2013, Gepomay a découvert 16 nouvelles espèces terrestres, et 5 en milieu marin. »

Les makis menaçant et menacés

Il y a actuellement une volonté de récoltes de données sur les makis et les roussettes. Les premiers sont toujours considérés comme menacés, « depuis 1999, la population a été divisée par deux », ce qu’ont du mal à avaler les agriculteurs qui se battent contre ce haut consommateur de fruits, « mais il n’y a que dans les cultures que le nombre d’individus s’est accru, ils sont de moins en moins nombreux dans les forêts. »

Si la loi offre des outils de protection, comme l’annexe de la convention de Washington ou les arrêtés préfectoraux, il faut avoir les moyens de les appliquer, « mais c’est surtout l’éducation qui fera la différence, dans les écoles, ou par le partage d’informations, comme le propose le réseau Tsiono. »

Des « cafés naturalistes » vont être lancés cette année, justement dans cet esprit.

Les deux prochaines Rencontres Patrimoine nature porteront, samedi prochain sur le Patrimoine, pour les Journées européennes, et le suivant sur les récifs coralliens.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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