«Je reconnais les faits et leur gravité. Aujourd’hui, je suis jugé comme un terroriste. Mais je suis humain. Je ne fais pas exploser des gens. J’ai des enfants petits, je pense à leur avenir. Je veux qu’on me donne une chance. Je ne suis pas ce monstre que l’on dit.» Ce sont les derniers mots prononcés à la barre de la Cour d’assises de Lot-et-Garonne par Madi Mahaboubi, ce vendredi après-midi.
Il est alors 15 heures et c’est ainsi que se terminent trois jours d’un procès qui aura profondément marqué ceux qui y ont assisté. Il faut dire que cette affaire était particulièrement terrifiante, «un des trois ou quatre dossiers les plus sordides de ma carrière», a même indiqué l’adjudant Jean-Marie Pairault, fraîchement retraité en identification criminelle de la gendarmerie, et chargé du prélèvement des indices dans cette enquête.
Au cours de ce procès, le Mahorais de 33 ans a fini par raconter le déroulement de ce 11 avril 2015, cette terrible journée où après un repas en famille, il a étranglé, violé, dépecé puis dissimulé le corps de Violet Price, une octogénaire britannique qui résidait dans le sud-ouest de la Métropole.
«Je l’ai prise par le coup. J’ai serré»
Le journal Sud-ouest qui a suivi le procès raconte. «Le Mahorais, à l’étroit dans son t-shirt blanc du FC Barça duquel dépassent de longues manches noires, se lance: ‘’C’est difficile de m’exprimer. Le jour du barbecue, je savais que tout le monde me mentait au sujet de ma femme qui était partie. Je pensais qu’elle était à Moustier chez Violet, c’est pour ça que je l’ai suivie. Arrivé chez elle, je lui ai dit que je voulais m’excuser d’avoir été grossier à la fête. Elle m’a invité à entrer, m’a offert un café.’’
‘’J’ai fait semblant d’aller aux toilettes pour fouiller sa maison, à la recherche de ma femme. Puis, j’ai vu Violet Price. Elle m’a tourné le dos. Je l’ai prise par le cou. J’ai serré, serré, serré, jusqu’à ce que sa vie s’arrête. Je l’ai violée, attachée, mise dans ma voiture. J’ai découpé le corps dans mon garage. J’ai rempli des sacs, j’ai creusé.’’
Des bruissements d’effroi précèdent les pleurs. La famille de Violet Price vient de quitter la salle. Le président Ivan Guitz veut en savoir davantage sur le motif du passage à l’acte. Madi Mahaboubi reprend son ton placide. ‘’Malheureusement, elle m’a tourné le dos. À partir de là, je n’ai plus rien contrôlé. Et comme j’ai commencé, j’ai fini. Je suis allé au bout de moi-même. J’étais comme envoûté’’.»
Les ingrédients du tueur en série
La journée de jeudi s’était ensuite terminée par l’analyse de l’expert psychiatre qui avait affirmé qu’il y a chez l’accusé «tous les ingrédients que l’on retrouve chez les tueurs en série». Et c’est sur cette lignée que l’avocat général Antoine Leroy va requérir la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.
«Ce n’est pas quelqu’un qui regrette vraiment ce qui s’est passé», a-t-il fait valoir alors que le Mahorais a déjà été condamné pour homicide involontaire à Mamoudzou en 2004. «Les experts auraient-ils pu faire en sorte que l’on ne soit pas là aujourd’hui? Non, ils ne sont pas responsables. La société? Elle a fait ce qu’il fallait. Le seul qui savait, qui pouvait se prendre en main, c’est lui. On appelle ça le libre arbitre», a fait valoir Antoine Leroy.
Les excuses de Madi Mahaboubi n’auront donc pas convaincu. Après 3h15 de délibération, le jury a rendu son verdict en suivant pour l’essentiel les réquisitions. La perpétuité mais sans peine de sûreté.
RR
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