Evolution des prix: «Nous ne sommes plus dans les aberrations de 2011»

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Des prix qui évoluent plus raisonnablement qu’il y a quelques années

«On est totalement en phase avec l’évolution des prix en métropole». Voilà l’analyse que tire Jamel Mekkaoui de l’Insee du niveau d’inflation que l’on constate depuis plusieurs années à Mayotte. Alors que 2015 avait été marquée par une parfaite stabilité, 2016 a enregistré une légère hausse de 0,2%. «Lorsqu’on regarde les statistiques sur une série longue, on est clairement sorti d’une inflation non maîtrisée», constate le responsable de l’Insee.

Oubliée en effet la valse spectaculaire des étiquettes des années 2010 et 2011 qui avait conduit au mouvement social contre la vie chère. A l’époque, rien ne semblait arrêter l’envolée de l’ensemble des prix, y compris de ceux des produits de première nécessité. «Nous ne sommes plus dans les aberrations de 2011», confirme Jamel Mekkaoui, même si certains postes continuent à évoluer de façon très marquée.

C’est par exemple toujours le cas de l’alimentation qui augmente, encore et toujours, bien plus vite que dans la France entière. Globalement, les produits alimentaires ont encore pris 1,1% en 2016 à Mayotte, un demi-point de plus que dans l’Hexagone. Si les viandes et les volailles ont tendance à diminuer (-1,2%), l’augmentation des produits frais commence à devenir inquiétante. Ils s’envolent de 7,1% en 2016 alors qu’ils avaient déjà grimpé de 10,8% en 2015.

Des produits frais à surveiller

«D’un point de vue statistique, nous ne pouvons pas entrer dans les détails des produits pour trouver une explication. Mais ce sont des produits qui sont très fortement liés à la conjoncture», observe Jamel Mekkaoui. Les raisons sont donc peut-être à chercher dans la sécheresse qui frappe toute la région. Certains fruits et légumes, produits chez nous ou importés des pays voisins, sont moins abondants et plus chers qu’à la normale. Le niveau général des salaires augmentant, le coût de la main d’œuvre agricole est peut-être également une explication. Le phénomène reste donc à surveiller.

CaddieUn autre poste dont l’évolution est particulière est le tabac. Les prix ont grimpé de 1,9 % en 2016 alors qu’ils sont quasiment stables en France. Cette fois-ci, les raisons sont simples : elles se trouvent dans la fiscalité qui a légèrement progressé. Mais la consommation générale de cigarettes restant faible chez nous, l’impact sur l’inflation est très faible.

De bonnes surprises

Ces chiffres de l’inflation 2016 contiennent tout de même de bonnes surprises. C’est le cas des produits manufacturés. Habilement, chaussures, appareils électro-ménagers, meubles… Ils commencent à baisser et parfois très nettement. Le prix des vêtements a ainsi reculé de 8,1%, celui de meubles de 3,4%, le prix du matériel audio, photo et informatique diminue de 3,1%.

«Dans ce domaine, l’évolution du marché explique la tendance. On commence à avoir des produits de marques, nombreux et variés, harmonisés sur ce que l’on trouve dans les autres DOM et en métropole», explique Jamel Mekkaoui. Davantage de choix, des gammes plus étendues et des étiquettes qui prennent en compte les capacités d’achat… Mayotte entre résolument dans une société de consommation plus structurée.

Le bon calcul des prix des carburants

L’inflation 2016 permet enfin de mettre en lumière la parfaite corrélation de l’évolution des prix des carburants à Mayotte avec celle constatés en métropole. Chez nous, ces prix sont réglementés alors qu’ils sont libres dans l’Hexagone. Et l’évolution est tout à fait comparables : -2,6% à Mayotte contre -2,8% en métropole. Pour l’Insee, cela signifie que «la règle fixée pour faire évoluer les prix des hydrocarbures à Mayotte est bien faite. On suit parfaitement les tendances à la hausse ou à la baisse enregistrées au niveau national».

Alors que nous sommes dans une phase de stabilité globale des prix, on peut tout de même continuer à espérer que les prix soient plus résolument orientés à la baisse, compte tenu de leur niveau supérieur à celui de la métropole… Mais on entre déjà dans un autre débat. «Avec l’inflation, on mesure l’évolution des prix, pas leur niveau», relève Jamel Mekkaoui.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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