Il reconnait un pincement au cœur au moment de faire son pot de départ. Etienne Morel a dirigé le CHM durant les 4 dernières années et reconnaît que ce n’est pas si facile de laisser derrière lui «une tranche de vie» et les contacts «noués avec les employés, la population, les élus qui ont été importants».
Ses premiers mots sont logiquement pour le personnel, mis à rude épreuve ces dernières années. «Ils ont été à la hauteur, à tous les points de vue», tranche sans discussion le directeur. «Valoriser le personnel, c’est très important. C’est ça que je veux mettre en exergue au moment de partir. Le climat social aussi a été calme parce que tout le monde a fait en sorte que ça se passe bien. C’est primordial dans un établissement sous tension».
En 4 ans, beaucoup de choses ont changé au CHM. «Nous avons recrutés plus de 300 personnes, un peu partout et pas seulement pour les services liés à la natalité. Nous sommes actuellement à environ 2.500 feuilles de paye chaque mois». Le budget a augmenté de plus d’un tiers, passant de 160 à environ 215 millions d’euros, «et pas seulement à cause de l’indexation, même si ça a joué».
Les difficultés de l’attractivité
Parmi les avancées, il cite d’abord la construction de l’hôpital de Petite Terre. «Quand je suis arrivé, il était dans les tiroirs mais l’ARS avait bloqué le dossier. Aujourd’hui, il sort de terre. La coopération avec La Réunion a aussi bien avancé même si actuellement, elle est au point mort. Ils sont centrés sur leurs problèmes internes, mais ça va repartir», veut-il croire.
La question de l’attractivité des professionnels de santé a été et reste un enjeu majeur pour l’hôpital, malgré des indemnités généreuses pour les praticiens hospitaliers qui n’ont pas eu tous les effets escomptés. «Ca a marché moyennement pour les médecins, même si nous sommes passés de 180 à 210… Mais je n’ai pas le pouvoir de les faire venir. Il faut que le climat général de Mayotte s’apaise pour regagner en attractivité. On est toujours sur la corde raide. Pour autant, pour de nombreuses catégories de personnels, on se débrouille bien. On recrute facilement des sages-femmes. Pour les IBODE (infirmiers de bloc opératoire), on était en difficulté. Maintenant, ça va».
Les alternatives
Ces quatre ans, ont évidemment été marqués par l’explosion de l’activité, «particulièrement depuis septembre 2015», reconnaît-il. «On est actuellement dans une phase de stabilisation mais c’est très difficile de faire des pronostics sur l’avenir, on le voit bien avec le nombre de naissances».
A tous ceux qui pensent que le développement de l’hôpital ne va pas assez vite, il répond sujet par sujet. Par exemple, Mayotte ne dispose que de… 12 lits en psychiatrie ! «Oui, il manque un hôpital mais on a développé les alternatives à l’hospitalisation, avec des structures plus légères et plus proches de la population», se défend-il.
La future «reconstruction» de l’hôpital
Pour l’avenir, Etienne Morel pose les jalons. «Le CHM, c’est un établissement atypique et ça continuera à être compliqué tant que la médecine libérale ne se développera pas et qu’on sera sur le tout-hôpital». Pour autant, son successeur aura à piloter la transformation radicale du CHM tel qu’on le connaît aujourd’hui.
«Le grand projet à venir, c’est la reconstruction de l’hôpital avec deux scénarios: une reconstruction sur le site actuel. Il faudra alors monter en étages. Soit, trouver un site de 15 ou 20 hectares d’un seul tenant, ce qui sera compliqué. Il a fallu 6 ans pour faire aboutir le dossier de l’hôpital de Petite Terre. Pour un tel chantier, on part sur 7 à 8 ans d’études et de dossiers avant de pouvoir envisager le début des travaux.»
Etienne Morel continuera à suivre l’évolution de l’hôpital de Mayotte depuis Wallis-et-Futuna où il prend ses nouvelles fonctions à la tête de l’ARS le 1er mai. Son successeur n’est pas encore désigné. Plusieurs candidats se sont manifestés et la procédure suit son cours. Il devrait être connu dans les semaines qui viennent.
RR
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