«Émanciper Mayotte»: un festival inédit pour valoriser les talents

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Les membres de l'association lors de la 1ère journée du festival à Tsimkoura
Houssaini Tafara, le président de l'association, en plein atelier "Qu'est ce qu'il se passe à Mayotte?"
Houssaini Tafara, le président de l’association, en plein atelier « Qu’est ce qu’il se passe à Mayotte? »

«93% des jeunes mahorais partant en métropole pour se former après l’obtention du baccalauréat échouent en première année». C’est sur la base de ce triste constat que l’association Émanciper Mayotte a décidé d’agir. Composé de 3 membres permanents, elle s’est crée il y a environ 2 mois de cela.

Depuis, la petite équipe travaille bec et ongle afin d’organiser ce premier événement pionnier. C’est animée d’une réelle envie de « faire bouger les choses en commençant par arrêter de se leurrer sur les difficultés de nos jeunes » que l’association compte sensibiliser la population de l’île autour de valeurs humanistes : la réussite, la persévérance et la détermination.

Un festival inédit

Le festival vise à mettre en lumière les talents en tout genre de Mayotte, une première pour le 101ème département. Durant 12 jours, les membres d’Émanciper Mayotte parcourront l’île afin d’aller à la rencontre de ses habitants au sein de différents villages. Chirongui, Dembéni, Sada, Pamandzi, Mtsangamouji et Koungou ; dans chacune de ces communes, l’association passera une journée à exposer les œuvres de talents en tout genre « les talents artistiques, sportifs… Nous souhaitons mettre en avant la réussite mahoraise dans ses diverses formes», explique Zainal Ibrahim, initiatrice du projet.

Emanciper L'afficheEt pour attirer les populations à venir participer au festival, tous les moyens sont bons. L’association a opté pour une formule étonnante mais efficace: «Nous passons dans les villages avec un mégaphone à la main et nous expliquons le but de notre action. On pousse les populations à venir nous voir directement en allant les chercher sur le terrain ». C’est cette approche qui a su rassembler quelques personnes autour des expositions de l’association lors de cette première journée organisée à Tsimkoura.

Détruire les préjugés

Si cette mise en avant des talents est tant porteuse d’espoir pour Zainal Ibrahim, c’est aussi parce qu’elle permet de détruire certains préjugés bien trop présents dans l’opinion générale mahoraise.

Ces préjugés dépréciatifs n’encouragent pas au dépassement de soi et enferment idéologiquement beaucoup de mahorais, Zainal Ibrahim ironise avec tristesse « on n’entend parler des habitants de Mayotte seulement pour les grèves ou les faits de violence. Cela donne l’impression que les mahorais ne savent faire que ça ».

Ne plus être dans l’attentisme

Malgré la jeunesse de l’association et le challenge d’organiser un événement de cette ampleur en si peu de temps, les fondateurs du mouvement ont tenu à aller au bout de leur ambition afin de démontrer un élément qui leur paraît primordial, «s’inscrire dans une démarche active et ne plus rester dans l’attentisme». Pourtant la tâche a été rude. Il a fallu trouver des partenaires, réserver les lieux d’exposition dans chaque village et gérer la logistique de toute la tournée. Mais «faire les choses avec les moyens du bord sans attendre des institutions publiques ou de l’État un soutien particulier, cela fait parti des valeurs à transmettre », soutient Zainal Ibrahim.

Les membres de l'association lors de la 1ère journée du festival à Tsimkoura
Les membres de l’association lors de la 1ère journée du festival à Tsimkoura

En effet, celle-ci déplore une manière de faire trop répandue parmi la population mahoraise, attendre encore et toujours que l’État ou un autre acteur aide, subventionne et accompagne. Pour l’association, il faut prendre le taureau par les cornes et ne plus rester un acteur figé dans l’attente d’un apport extérieur, d’où la nécessité d’émanciper Mayotte, « si l’on part du constat d’échec des étudiants ayant quitté Mayotte pour l’extérieur, on se rend compte que là encore, on ne peut rester attentiste. Cela fait 30 ans que cette triste réalité est connue mais rien ne bouge. Alors à notre petite échelle, nous avons décidé de ne plus rester passif. En supplément de la sensibilisation opérée lors du festival, nous mettrons en place des évènements mensuels pour sensibiliser les bacheliers et futurs bacheliers à la question ». Elle conclue que « ce n’est pas toujours à l’État de réagir lorsqu’il y a un problème. Et puisque nous savons qu’il ne le fait, c’est aussi à la population civile de se mobiliser ».

La jeune association ne compte donc pas s’arrêter à cette première édition. Des actions seront menées tout au long de l’année car cette volonté « de faire bouger les choses » anime l’équipe initiatrice du projet. Zainal Ibrahim, une mahoraise actuellement gérante d’une société basée à Londres compte bien porter l’exemple.

Ludivine Ali
www.lejournaldemayotte.com

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