Saison cyclonique 2016-2017 : peu active et atypique

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Un enfant écrasé par la chute d'un arbre dans un village du Mozambique, le 16 février 2017 lors du passage de Dineo
Un enfant écrasé par la chute d’un arbre dans un village du Mozambique, le 16 février 2017 lors du passage de Dineo

«Une saison peu active et très singulière dans son déroulé». Voici le bilan dressé par le Centre des cyclones tropicaux de la Réunion au terme de la saison 2016-2017. Depuis le début de l’ère satellitaire il y a 50 ans, elle se classe parmi les dix saisons cycloniques les moins actives recensées dans le bassin du Sud-Ouest de l’océan Indien.

En novembre dernier, le Centre des cyclones tropicaux (CMRS) de la Réunion avait vu juste dans sa prévision saisonnière. Il expliquait alors qu’il y avait «une probabilité de 60% de connaître une saison cyclonique 2016-2017 d’activité inférieure à la normale. Cette probabilité à 60 % correspond à un nombre total de tempêtes et de cyclones sur la saison, inférieur ou égal à 8». Cela correspond à une saison peu active qui se rencontre en moyenne une fois tous les 4 ans.

Avec seulement 6 systèmes formées durant la saison, dont trois ayant ensuite atteint le stade de cyclone tropical, une proportion normale, il s’agit du plus petit nombre de systèmes dépressionnaires jamais suivi au cours d’une saison par les prévisionnistes cyclone du CMRS depuis son implantation officielle en 1993.

Bransby sur une image satellite de Météo France, le 5 ocotbre 2016
Bransby sur une image satellite de Météo France, le 5 ocotbre 2016

L’explication tient selon les météorologues «à l’installation, depuis le printemps austral, de conditions anormalement et durablement stables et sèches sur une grande partie de l’océan Indien tropical Sud, incluant la zone privilégiée de formation des phénomènes cycloniques.»

Un début fracassant puis une longue attente

Après Abela en plein hiver austral, 1ère forte tempête tropicale observée au mois de juillet sur le bassin et Bransby, première dépression subtropicale jamais répertoriée en octobre, il aura fallu attendre le début du mois de février pour voir se développer le troisième système dépressionnaire significatif de la saison. «Une aussi longue phase d’inactivité à cette période de l’année, constitue un fait tout à fait exceptionnel et sans précédent dans l’histoire récente. Depuis 1967, début de l’ère satellitaire, 2016-2017 est la première saison cyclonique à ne pas connaître le moindre épisode cyclonique significatif sur le trimestre novembre- décembre-janvier», souligne le CMRS de la Réunion.

Enawo, le lundi 6 mars 2017 au matin: On distingue clairement l'oeil du cyclone sur l'image satellite de Météo France avant l'impact sur Madagascar
Enawo, le lundi 6 mars 2017 au matin: On distingue clairement l’oeil du cyclone sur l’image satellite de Météo France avant l’impact sur Madagascar

Ce mois de janvier «totalement blanc» constitue déjà en soit un événement tout à fait remarquable, si ce n’est unique, puisqu’il y avait eu un précédent qu’en 2011 à ceci près que janvier 2017 aura été encore moins «actif» que janvier 2011, qui avait tout de même vu une brève dépression tropicale et une perturbation tropicale être suivies au cours du mois.

Madagascar et le Mozambique éprouvés

Pour autant, tous les territoires de la région n’ont pas été logés à la même enseigne. Pour la Réunion et Maurice, la saison cyclonique 2016-2017 aura été plutôt bénéfique avec les pluies apportées par Carlos et à un degré moindre par Fernando. En revanche Madagascar et le Mozambique ont été cruellement éprouvés. Avec Enawo, la Grande Ile a connu son impact cyclonique le plus violent depuis Gafilo en 2004, nécessitant un appel à l’aide internationale.

Ce cyclone tropical intense a frappé la côte nord-est de la Grande Ile au maximum de sa puissance, avant de traverser ensuite les terres malgaches du nord au sud, faisant plus de 80 victimes. Enawo a ainsi mis fin à une période exceptionnellement longue de cinq années de tranquillité pour la façade orientale de Madagascar. La côte orientale malgache n’avait, en effet, pas subi de phénomène significatif depuis le cyclone Giovanna en 2012.

Le président malgache déclare le pays en état de "sinistre national" après le passage du cyclone Enawo, le 19 mars 2017
Le président malgache déclare le pays en état de « sinistre national » après le passage du cyclone Enawo, le 19 mars 2017

L’unique phénomène formé dans le Canal de Mozambique, le cyclone Dineo, a pour sa part durement secoué la province mozambicaine d’Inhambane, zone qui n’avait pas été touchée par un tel phénomène depuis très longtemps, y faisant de nombreuses victimes.

La saison la moins active de l’hémisphère sud depuis 1970

Le sud-ouest de l’océan Indien n’a pas été le seul à connaître une disette de systèmes dépressionnaires. Elle a concerné l’ensemble de l’hémisphère sud. La saison cyclonique 2016-2017 aura été la moins active depuis au moins 1970, avec, à l’échelle de l’hémisphère Sud, une activité équivalant à peine à la moitié de celle de la moyenne climatologique de référence (1981-2010).

Plusieurs records d’inactivité ont été battus ou pulvérisés sur 50 ans de données «fiables». Chez nous, il aura donc fallu attendre le 9 février 2017 avec Carlos pour voir le premier cyclone, soit un mois de plus qu’en 1988, où le cyclone Anne était apparu le 9 janvier. Pour le Sud-Ouest de l’océan Indien, cela ne constitue toutefois pas un record, puisque c’est toujours le cyclone Davina qui détient la palme de la date la plus tardive pour le premier cyclone tropical de la saison, le 5 mars 1999.

PM
www.lejournaldemayotte.com
avec le JIR.

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