C’est un « dossier de violences en réunion comme on en a trop souvent à Mayotte » déplore la procureure Pajak-Boulet.
L’affaire traîne depuis trois ans déjà. En cette soirée du 12 octobre 2014, des amis reviennent d’un matche qui a eu lieu à Cavani. Près du stade, ils sont abordés par un groupe d’individus qui demande une cigarette à l’un d’eux, qui refuse. Pris à partie par la bande, la victime est frappée à coup de poings et de pieds, et reçoit une pierre à l’arrière du crâne. La blessure est grave. L’homme n’est pas en état d’être auditionné. Evacué vers la Réunion, il récolte 30 jours d’ITT.
A la barre du tribunal correctionnel, trois des agresseurs sont poursuivis. La justice retient contre eux le témoignage de l’ami et de la petite amie de la victime, du sang sur le tee-shirt d’un des interpellés, et leurs propres déclarations devant le juge d’instruction en 2015.
Mais à la barre, les versions varient, les responsabilités sont renvoyées. La défense dénonce « une enquête malmenée » avec « des témoins qui n’ont pas été auditionnés ». En outre le sang du tee-shirt n’a pas été analysé. Les deux avocats plaident le fait que, à l’instar de leurs clients, la victime aurait elle-aussi changé de version au fil de l’instruction.
« Un déchaînement de violence »
La procureure de son côté dénonce « un déchaînement de violence pour une simple cigarette » passible de 7 ans de prison et s’en prend aux prévenus qui « chipotent, se moquent du monde ». En raison de la qualification de violences en réunion, elle argue qu’il n’est de toutes façons pas nécessaire de définir précisément qui a fait quoi. Elle requiert des peines de 1 à 2 ans ferme contre les trois prévenus. Le tribunal prononce 6 mois pour deux d’entre eux, et 1 an pour le troisième. Des peines symboliques puisqu’elles pourront être soit aménagées, soit fusionnées avec la détention en cours de l’un, et la détention provisoire de 8 mois déjà effectuée par son comparse. Seul le prévenu actuellement incarcéré dans une autre affaire est reparti menottes aux poignets.
La victime quant à elle ne s’est pas constituée partie civile et n’était pas présente à l’audience.
Y.D.
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