Fruit d’un partenariat public-privé, l’aménagement de la Pointe Mahabou à Mamoudzou devrait faire des heureux. Mais du travail reste à faire pour que l’effort ne tombe pas comme un soufflet.
L’initiative du Conseil départemental, portée avec la mairie et l’Etat, consiste en un parcours de 4km comprenant 16 stations d’exercice physique, fournis et financés à hauteur de 40 000€ par la société MayCo (Coca Cola). Société dont le directeur devait venir inaugurer le parcours, mais qui n’est finalement pas venu « à cause du mouvement social en cours dans son entreprise » regrette Ibrahim Soibahadine, le président du Conseil Départemental. Selon lui, ce projet bâti aux abords du mausolée du sultan Andriantsoly « entretient le lien entre les Mahorais et leur histoire ». « Cette presque-île est chargée d’histoire, appuie le premier adjoint de Mamoudzou Bacar Ali Boto qui se souvient. Quand j’étais petit, c’était un îlot séparé de Mamoudzou ville par la mer, qui a laissé place au quartier de M’Gombani. Ici, islam et animisme se côtoient sans problème, preuve d’une société ouverte et tolérante. »
Du sport, de la culture avec le mausolée, mais aussi de la nature. « Depuis 1994 quand le Département a commencé à investir sur la pointe Mahabou, nous avons planté des espèces botaniques de toutes sortes, installé des farés et des chemins pédestres » rappelle le président Soibahadine. Le Département envisage même à terme la création d’un arboretum qui serait une synthèse de la richesse botanique de Mayotte.
« Il faut commencer par rêver »
« Il y a actuellement un appel à projet avec le Feader (fonds européens) pour la valorisation touristique des espaces verts, explique le responsable environnement du Département M. Anil Akbaraly. Nous travaillons actuellement sur le parc de Coconi. L’autre idée, c’est un espace qui montre l’habitat spécifique du territoire, pour expliquer ce qu’est la forêt sèche à Mayotte et la reproduire sur la pointe Mahabou. Créer un espace naturel mais ouvert au public ».
Cette espèce de musée botanique grandeur nature serait notamment destiné aux croisiéristes, peu à même de s’éloigner de Mamoudzou, mais désireux d’en apprendre davantage sur la richesse naturelle de l’île. Actuellement, ceux-ci sont accueillis par « des agents d’entretien qui font de leur mieux en anglais, mais ce n’est pas professionnalisé, il y a sans doute un travail à faire là dessus avec le comité de tourisme » poursuit-il.
Parmi les autres aménagements prévus sur le site : un accès direct sur le front-de-mer, un éclairage avec des panneaux solaires…
Mais le succès populaire de ces projets ne pourra se faire qu’avec une sécurisation satisfaisante du lieu. Si les « vols, agressions et chiens errants » sont selon le Département moins nombreux, cet espace souffre encore d’une image de lieu mal famé.
L’autre volet qui reste à travail, c’est l’accessibilité du parc. Bacar Ali Boto a rappelé la volonté de développer les transports en commun. En attendant, seule un chemin chaotique et un parking trop petit permettent d’accéder à la pointe. Au point que l’inauguration s’est faite avec des voitures garées sur le rond-point.
Et quand le premier adjoint de la commune dit du haut de la pointe Mahabou qu’il « est temps que Mayotte ait son propre palais des congrès », il y a fort à parier que le parking ira avec. En attendant conclut-il « Il faut commencer par rêver, pour créer la réalité.
Y.D.