L’annonce ce mercredi matin de la venue d’Annick Girardin, ministre des Outre Mer, après l’élection législative, n’a pas convaincu.
« Elle n’est pas la bienvenue, nous voulons le ministre de l’Intérieur » s’exclame Maoulida Momed, porte-parole du Collectif. « On veut une personnalité qui se déplace ici pour apporter des réponses pérennes à notre mouvement. En attendant le mouvement se durcit et va continuer à se durcir. »
« Elle dit qu’elle viendra après les élections, mais sans donner de date, donc pour elle ce n’est pas urgent ? » s’interroge Antufaty, des Assoiffés du Sud. « En plus elle ne parle que de 10 policiers et d’un projet d’étude. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut nous parler d’une étude, ça fait cinq ans qu’on dénonce l’insécurité. Sa réponse n’est pas du tout appropriée. L’Etat doit prendre au sérieux les Mahorais qui sont vraiment en danger. On veut voir venir les secours, pas une étude. »
Moins stricte que son camarade sur la notion de « personnalité », elle n’en est pas moins exigeante sur les réponses attendues. « La ministre de l’Outre Mer doit se demander : est-ce bien elle qui pourra apporter des réponses aux problèmes actuels ? La Ministre de la Santé était venue juste pour prendre acte, or, venir pour venir, ce n’est pas ce qu’on veut. Peu importe qui viendra, mais qu’ils viennent avec des réponses concrètes. »
Mansour Kamardine se « félicite » des annonces de la ministre
Dans un communiqué envoyé ce mercredi midi, le député LR émet un satisfecit sous conditions à la réaction de la ministre.
» La Ministre des Outre-mer vient de faire, ce mercredi matin, plusieurs annonces : la création d’une Zone de sécurité prioritaire (ZSP) et non plus son étude, la création d’une brigade contre la délinquance juvénile l’été prochain, la mise en place sous 10 jours d’un plan de sécurisation des établissements scolaires, l’augmentation des effectifs de la police aux frontières (PAF) de 10 agents. Je me félicite de ses annonces, qui sont des premiers pas dans la prise en compte des exigences de sécurité de nos compatriotes de Mayotte. Mais il conviendra d’en faire d’autres, sans attendre, pour résoudre la grave crise sécuritaire à laquelle les autorités se doivent de répondre immédiatement. »
Notamment, » pour ce qui concerne la sécurité effective des citoyens, de nombreux acteurs conviennent de la nécessité d’affecter 20 policiers de voie publique supplémentaires, dont 5 en constitueraient une brigade anti-criminalité (BAC) et de renouveler une grande partie du parc de véhicules en prenant soin qu’ils soient équipés de dispositifs « anti-caillassage » à leur départ de métropole.pour ce qui a trait aux violences urbaines, de nombreux acteurs conviennent, qu’au-delà de la nécessité d’inscrire l’ensemble du département en zone de sécurité prioritaire (ZSP), il est nécessaire de créer une compagnie départementale intervention. Pour ce qui porte sur le suivi et le traitement des affaires judiciaires, de nombreux acteurs conviennent de la nécessité première, de renforcer les équipes d’officier de police judiciaire (OPJ) de 10 personnes dont 5 affectés à une brigade « stupéfiant » pour répondre au ravage de notre jeunesse par le développement hors contrôle de la consommation de drogue (chimique) (…) Pour ce qui concerne la police aux frontières, de nombreux acteurs conviennent de l’urgence du renforcer les effectifs de la PAF de 30 personnes et non de seulement 10, tout en garantissant le maintien des postes occupés par les 50 agents qui seront en fin de contrat en septembre prochain. »
La député préconise aussi la mise à l’eau permanente de 8 navires pour la protection des frontières maritimes, une équipe permanente sur l’ilôt Mtsamboro et une autre au port de Longoni. « Après les annonces de la Ministre, nous sommes encore loin du compte. C’est pourquoi nous demandons qu’un autre train de mesures soit décidé dans les prochains jours. » Passée l’urgence, Mansour Kamardine propose de laisser aux Assises de l’Outre mer la charge des sujets moins pressants, comme la piste longue, un 3e quai à Longoni ainsi que « la modernisation des voies de communication, le développement d’un enseignement de qualité, d’un service de santé performant, ce qui permettra le développement économique et social du 101ème département et la défense de nos intérêts dans cette zone du monde. »
« Ils sont en train d’ignorer la police »
Du côté du syndicat de police Alliance, c’est une colère empreinte de déception qui s’exprime. « Le problème de l’insécurité à Mayotte doit être pris dans son ensemble, zones police et gendarmerie, et s’il y a des décisions gouvernementales, elle ne devront pas privilégier les uns par rapport aux autres. La sécurité des citoyens est l’affaire de l’ensemble des forces de sécurité » exprime le syndicat. « Ils sont en train d’ignorer la police complète son secrétaire à Mayotte Thierry Lizola qui juge les annonces de la ministre « inacceptables ». Il évoque notamment les deux bateaux « attendus depuis 2016 et le plan sécurité Mayotte ».
Une journée d’actions condamnée sur les réseaux sociaux
Outre les déclarations de la Ministre, c’est le mode d’action de cette nouvelle journée de grève qui est discuté sur Internet. Les internautes ont été nombreux à dénoncer les barrages et les coupes d’arbres en série qui ont émaillé la matinée.
« La destruction des forêts entraîne la disparition d’habitats naturels pour la faune et la flore. Les espèces animales et végétales concernées sont fragilisées, voire peuvent disparaître si les ressources disponibles ne sont plus suffisantes. Le recul des forêts (surtout sur les pentes) favorise les glissements de terrains, avalanches et coulées de boues. » commente ainsi Bharati qui conseille « Utilisez les carcasses de voitures, les palettes, les immondices qui trainent… ce n’est pas ce qui manque à Mayotte ! »
Il est rejoint par Assoufia qui interpelle les auteurs de barrages. « Les grévistes qui prennent part à l’abattage des arbres, vous devriez mettre autant d’énergie pour en replanter après les grèves ! Autant je soutiens cette grève parce que c’est une cause commune, mais l’environnement ne devrait pas payer cher à chaque fois ! »
« Il faut arrêter, bloquer les 3 axes principaux suffisent pour paralyser toutes l’île, pas besoin de couper tous ses arbres » commente à son tour Echa.
Une habitante de Combani, plus en colère que les précédents, s’indigne. « Je n appelle pas cela manifester , de couper des arbres, casser des murs et brûler des poubelles. Ils sont aussi délinquants que les autres. »
D’autres plus nombreux disent « soutenir la grève » pas « pas la méthode ».
Y.D.