Sécurisation des établissements et des transports scolaires : les annonces de la ministre Girardin

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La ministre a pris beaucoup de temps pour discuter avec les policiers
Anncik Girardin et le préfet Frédéric Veau lors de la conférence de presse samedi soir
Annick Girardin et le préfet Frédéric Veau en septembre 2017

L’insécurité touche chaque habitant de Mayotte. Dans un communiqué envoyé aux médias ce mardi soir, l’intersyndicale CGT Ma, CFDT, FAEN, FO, Confédération Syndicale des Familles, SNUipp, Collectif des Citoyens de Mayotte et Solidaires, revient sur les raisons du mouvement qui a massivement rassemblé ce 27 février, « protestations contre l’insécurité permanente et généralisée à l’ensemble du département et contre les violences perpétrées au sein et à proximité immédiate des établissements scolaires de l’île ».

Le tract se conclut par « Au gouvernement et aux autorités compétentes de prendre leur responsabilité pour ramener la paix sur notre territoire ».

Alors que manifestants et élus tentent de mettre une touche finale à la plateforme de revendications à remettre au gouvernement, et que le député Mansour Kamardine ne les a pas attendu pour émettre les siennes, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a répondu au micro tendu par nos confrère de La Première Paris. L’interview était diffusée ce mercredi par Mayotte la Première.(Lire l’interview reproduite: Expression d’Annick Girardin à Mayotte 1ere – 28 février 2018)

Mayotte en Zone de Sécurité Prioritaire

Les boudins dégonflés des moyens nautiques de la PAF en mars 2017
Les boudins dégonflés des moyens nautiques de la PAF en mars 2017

L’annonce la plus importante porte précisément sur les éléments déclencheurs du mouvement rappelés par l’intersyndicale : « J’ai demandé au préfet, en lien avec les ministères de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, de travailler sur un Plan de sécurisation des établissements et des transports scolaires qui sera opérationnel dans les 10 jours ».

Sortant de son devoir de réserve en cette période de législatives partielles à Mayotte, la Saint-Pierraise Annick Girardin convenait que le « sentiment de n’être pas entendu est insupportable ». Revenant sur l’apport du « Plan Sécurité pour Mayotte », « les statistiques montrent que la délinquance recule », elle nuançait aussitôt en évoquant les « agressions » du quotidien, « on ne peut pas tolérer les violences dans et aux abords des établissements scolaires, ni les caillassages des bus », « pas plus que contre les forces de l’ordre », « le gouvernement ne laissera pas un territoire de la République s’enfoncer dans la violence ».

Il y a les mesures provisoires, avec « l’arrivée cette semaine de deux pelotons de gendarmes mobiles ». Rappelons qu’une vingtaine d’entre eux sont arrivés ce lundi, par deux vols CASA et ligne régulière. Et les mesures de long terme : « Je confirme la décision du ministère de l’Intérieur de placer Mayotte en Zone de Sécurité Prioritaire », coupant court à toute idée d’une nouvelle réflexion sur un sujet brûlant qui avait en flammé les esprits hier, « Le déploiement à Mayotte de la Police de Sécurité du quotidien qui se traduira par l’arrivée progressive de 20 gendarmes supplémentaires, et dès cet été, une Brigade de prévention de la délinquance juvénile sera effective ».

La ministre à Mayotte après les législatives

Annick Girardin face à un kwassa malgache intercepté la nuit précédente
Annick Girardin en septembre dernier à Mayotte, devant un kwassa intercepté

En matière de lutte contre l’immigration clandestine, la ministre annonce 10 policiers aux Frontières (PAF) supplémentaires et l’arrivée de nouveaux bateaux « dès septembre prochain ».

Si les habitants souhaitent pouvoir se déplacer en toute sécurité, il est impossible de placer un gendarme derrière chacun d’entre eux. La ministre rappelait que les causes des difficultés sont nombreuses, et la réponse pas uniquement sécuritaire. On sait qu’elle est en grande partie à chercher du côté de la parentalité. Le Collectif demandait d’ailleurs hier dans la plateforme de revendications « une mise à contribution réelle du citoyen et du milieu associatif dans la lutte contre l’insécurité ».

Les tensions sociales qui ébranlent Mayotte ont une raison selon la ministre, « la départementalisation déçoit ». Ce n’est pas tant la départementalisation, mais les moyens déployés. Il suffit pour éclairer la ministre de citer le toujours actuel rapport de la Cour des comptes publié en janvier 2016, qui pointant une départementalisation « mal préparée et mal pilotée », et comparait l’effort budgétaire de l’État par habitant dans les DOM : « De 6.420 euros en Guyane, 5.331 euros à La Réunion mais de seulement 3.964 euros à Mayotte. » Mansour Kamardine rajoutait que « l’effort par élève et par an à Mayotte est d’environ 4 200€ contre 7 800€ en moyenne en France. »

Dans son intervention, la ministre invite à « changer la méthode », et replace le débat au sein de la société en demandant aux élus d’être force de proposition, et à « poser un nouveau projet de développement » autour de priorités clairement établies où sécurité et immigration clandestine sont prioritaires, « mais aussi la santé, le logement, l’éducation et les transports ». Il faut espérer que ces priorités vont déjà émerger des Assises des Outre-mer, ou alors c’est à désespérer de tout…

Annick Girardin annonce sa venue à Mayotte dès la fin des élections législatives.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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