"Les murs grésillent", la population face au risque d'électrocution

Le constat est accablant, une bonne partie du réseau électrique de l’île souffre d’un développement urbain désordonné qui l’englobe et le fragilise. Les solutions existent mais coûtent cher et leur mise en place nécessite d’un effort commun qui n’est pas au rendez-vous.

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Dans les prochaines années, Électricité de Mayotte (EDM) prévoit de lancer un important chantier de remise en état du réseau.  « Aujourd’hui, les installations électriques de l’île nécessitent un aménagement », affirme le directeur général d’EDM Fady Hajjar. « On fait face à ce qu’on appelle « l’agression du réseau ». C’est-à-dire que des lignes électriques ou des poteaux préexistants sont englobées dans les nouvelles habitations, édifiées sans permis de construire. » En plus de rendre les installations plus vulnérables et moins

Une toile d’araignée de fils électriques et téléphoniques à Majicavo Bandrajou

accessibles en cas de panne ou d’autres problèmes techniques, ces transformations urbaines mettent en danger la population. Les services d’EDM ont déjà reçu des signalisations alarmantes. Comme celle de cette dame qui vit avec un poteau électrique dans son séjour et se plaint du fait que ses enfants, en touchant les murs, ressentent ‘des grésillements’. Dans l’état des lieux qui illustre la non-conformité du réseau, EDM porte en exemple plusieurs constructions qui ont débordé sur le trottoir et absorbé un poteau dans la façade ou les balcons. Le risque d’électrocution est, dans ces cas, très élevé.

Des dizaines de millions pour une seule rue

le directeur général d’EDM (électricité de Mayotte) Fady Hajjar.

D’après l’estimation des experts, 90 km de tracé linéaire en zone urbaine dense est à traiter car non-conforme. À cela il faut ajouter 3.500 supports, pour un total de près de 12.000 clients concernés. « Le travail à faire sera long. Il suffit de penser que nous ne pouvons pas simplement déplacer les poteaux ou les câbles, faute de place dans la rue ou sur les trottoirs, qui ont été occupés par les maisons », explique Fady Hajjar. La seule option est d’enterrer les lignes non-conformes. Mais enfouir le réseau a un coût non négligeable. Pour une seule route de Majicavo, où il faudrait intervenir rapidement, une étude estime que les travaux reviendront à environ une dizaine de millions d’euros. Mettre en place une équipe dédiée et enfouir 90km de tracé prendra au minimum quatre ou cinq ans, sans compter l’engagement économique et les moyens humains nécessaires à réaliser un tel projet. Impossible pour un opérateur comme EDM de lancer les opérations sans l’aide de l’État, qui devrait recevoir une étude sur la question d’ici les prochains mois. « Nous devons aussi nous confronter avec les collectivités. D’un côté pour arrêter les chantiers agresseurs et faire valoir le respect des règles d’urbanisme, de l’autre pour planifier au maximum les travaux d’aménagement ».

Malgré l’urgence et le danger pour les citoyens, toutes les collectivités de l’île ne sont pas prêtes à suivre le gestionnaire du maillage électrique qui prône la remise aux normes du réseau et du tissu urbain. Le risque de voir se répéter une tragédie comme celle qui a fait cinq morts lors d’un glissement de terrain à Koungou en janvier, sinon pire, est pourtant bien réel. Les solutions existent, mais il faut la volonté et la coopération de tous pour pouvoir les appliquer.

LN

 
 

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