Le « Made in ESS », un label créateur d’emplois ratifiée par l’ARS

L’ARS finance le dispositif « Made in ESS : santé, territoires et cohésion sociale » : une collaboration de proximité avec la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire. Les bons réflexes de santé sont diffusés par des jeunes, au sein de leurs propres structures. « Un dynamique positive est en cours à Mayotte », estiment les acteurs.

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Les acteurs de la CRESS, de l'ARS et de la DJSCS complices pour faire du "made in ESS"

« C’est une démarche innovante », avertit Xavier Montserrat, Directeur de l’antenne mahoraise de l’Agence Régionale de Santé (ARS) océan Indien. On tend l’oreille donc, ayant encore du mal à se faire à l’idée que cette structure régionale qui a pendant tant d’années privilégié La Réunion, se penche sur le développement de Mayotte. Mais l’ère Montserrat correspond à la marche vers l’autonomie de l’ARS, « c’est pour le début d’année 2020 ».

Est-ce ce renouveau qui provoque l’initiative portée avec la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS) ? C’est probable puisque selon Xavier Montserrat ce sera l’occasion de mener « une nouvelle gestion, inventive ». En tout cas, initiée sans bruit, « Made in ESS » proposait ce jeudi son bilan d’une année d’actions.

Au départ, Julien Thiria, Responsable du service Prévention et Actions de santé à l’ARS et Ben Amar Zeghadi, directeur de la CRESS, échangent sur des associations dont ils tentent de pérenniser l’activité, « certains porteurs de projets avaient de bonnes idées, mais ne savaient pas cibler leurs besoins, et avaient du mal à les décrire noir sur blanc », expliquent-ils.

Le milieu associatif à Mayotte représente 97% des entreprises de l’économie sociale et solidaire. 17% d’entre elles interviennent dans le domaine de l’action sociale et de la santé. Malgré ce dynamisme, l’Agence de Santé Océan Indien a fait le constat de réelles difficultés à faire émerger des projets suffisamment matures pour s’inscrire durablement dans le temps au travers de leurs appels à projets.

Les étudiants parlent aux étudiants

Le président d’une AECUM en plein essort

Un partage d’expertise de chaque structure est noué, au profit des porteurs de projets en santé, présentés pour la plupart par l’ARS à la CRESS qui les accompagne. « Depuis un an, 15 structures ont été accompagnées, 24 convention signées, et 43 personnes formées », rapporte Xavier Montserrat.

Constat renforcé et détaillée par Kadafi Attoumani, président de la CRESS, qui évoquait un « pari fou », un « projet expérimental qui fonctionne » : « Nous avons pu accompagner 9 associations, 4 Centres communaux d’action sociale, la commune de Bouéni, le lycée professionnel de Bandrélé, qui ont permis la création de 12 emplois, et d’en pérenniser 46. » Voir la liste « Made in ESS » – Structures et projets accompagnés

Un succès, quand on sait que les jeunes sont plus particulièrement concernés : « L’association étudiante AECUM a ainsi pris son essor en proposant des actions de prévention des comportements sexuels et de lutte contre les addictions. » Dix salariés ont été créés, pas sur du plein temps, mais c’est une amorce, et 6.275 jeunes ont été sensibilisées. « La perception est meilleure lorsque c’est un autre étudiant qui vient diffuser les informations santé, le message est porteur », nous explique Julien Thiria. Une formation qui a permis le passage régulier d’un médecin au Centre Universitaire.

Elle a mué la MAMA

Julien Thiria : « Le message a plus de portée quand il est émis par des pairs »

Une des forces du système, c’est sa fluidité. Pas de comité de pilotage, mais des échanges réguliers, et une forte réactivité sur la prise en compte des dossiers, preuve de l’implication des acteurs. Pour l’ARS, on est dans le « no-limit » de moyens tant que des projets porteurs seront présentés.

Autre bénéficiaire, l’association Mayotte Alzheimer et Maladies Apparentée (MAMA), « qui leur a permis de mettre en place la téléconsultation et donc une offre de soin inaccessible ». Une structuration qui a permis à l’association de muter en France Alzheimer Mayotte.

Un concept unique qui permet à une structure de l’Etat de servir de caution morale ou financière pour appuyer des projets et développer le territoire en partant du terrain. Il faut absolument reproduire ce schéma, et d’ailleurs la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale (DJSCS) a immédiatement adhéré, comme l’explique son directeur Patrick Bonfils qui a le moral au beau fixe : « Nous avons participé financièrement à l’accompagnement de projets et nous allons continuer l’année prochaine. Il y a actuellement sur le territoire une dynamique et une volonté croissante qui permet d’envisager l’avenir plus sereinement. » Une nouvelle dynamique de co-construction des politiques publiques, « menée également avec le conseil départemental. Ça rend optimiste ! »

Ce vent de fraicheur, c’est aussi l’Economie sociale et solidaire qui l’apporte selon Ali Debré Combo, conseiller départemental de Mamoudzou 3, « Mayotte est une des références nationales dans ce domaine, et ces moments de vantardise parisiens sont rares ! »

Une méthode de travail qui innove surtout parce qu’elle est « responsabilisante », insiste Xavier Montserrat. Un préambule de la mise en place de la Santé communautaire…

Une réussite concrétisée par un partenariat à plus long terme puisqu’en août 2018 l’Agence de Santé Océan Indien et la CRESS de Mayotte ont signé une convention de financement pluriannuelle sur 3 ans afin de favoriser l’essaimage dans le 101ème département français de projets porteurs en matière de développement économique social et solidaire dans le champ de la santé et de la cohésion sociale.

Un modèle à décliner dans l’aménagement, l’agriculture, etc., pourquoi pas ?!

Anne Perzo-Lafond

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