En vigueur en métropole, « l’exercice coordonné des soins » permet de répondre aux besoins des territoires touchés par une faible densité de professionnels de santé. L’échange et la coordination entre les professionnels, notamment au sein de Centres de Santé et de Maisons de Santé, permet l’accessibilité des soins, et offre un cadre attractif d’exercice pour les professionnels.
Pour la 1ère fois à Mayotte, la Délégation mahoraise de l’Agence Régionale de Santé (ARS) organisait ce samedi un colloque sur le sujet, sous l’égide de son directeur Xavier Montserrat. Ce dernier évoquait le contexte d’organisation de ce Colloque, « dans la perspective d’une nouvelle ARS, une nouvelle politique, de nouveaux projets de santé ».
Pour Mouhoutar Salim, cette 1ère rencontre des professionnels de santé au CUFR avait pour objectif de les « mettre en contact », de leur permettre « d’acquérir l’ensemble des informations pour un fonctionnement en inter-disciplines, ce qui ne peut que rendre l’exercice de leur métier plus attractif ». Sont concernés, les infirmiers, les ambulanciers, les dentistes, les kinésithérapeutes, les podologues, les orthoptistes, les assistants médicaux, les diététiciennes, les pharmaciens, les médecins et la directrice de réseau périnatal.
Partenaires pour mieux faire
Il faut différencier le Centre de Santé, structure publique où les professionnels sont des salariés, de la Maison de Santé, où les soignants sont des libéraux. La première structure existe uniquement au rond point El Farouk à Kawéni, c’est ONAKYA, quand les Maisons de santé pluridisciplinaires sont au nombre de deux, concentrées également sur Mamoudzou, près du laboratoire d’analyse, ce sont celles du Lagon et du Jardin Créole. « Elles ont toutes comme objectif de faciliter le parcours santé du patient, qui trouve dans un même lieu plusieurs disciplines dont il peut avoir besoin », complète Mouhoutar Salim.
D’autres sont dans les tablettes, « trois centres de Santé sont en chantier, sur Ouangani, sur Chirongui et en Petite Terre. » Des regroupements qui pourraient donc être incitatifs, « et pas seulement pour les professionnels du territoire, nous cherchons ailleurs. »
Une logique de partenariat que poursuit l’ARS qui met l’accent sur le partage d’expérience entre « pairs », entre confrères, mais aussi avec l’ensemble des acteurs comme « les élus locaux disposant de la compétence santé », ou entre associations partenaires, épaulés bien sûr par l’ARS.
Sont déjà parties prenantes, Aurélien Siri, directeur du CUFR, les élus tels que Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du CD et président du conseil de surveillance, Ali Debré Combo, conseiller départemental, des élus locaux des communes de Sada, Mtsangamouji, Bandrélé, Chirongui.
Un réseau qui se structure
Et des partenaires de choix : la Caisse des Dépôts et Consignations finance l’investissement immobilier, le Groupement des Maisons et Pôles de Santé (GMPS) de l’Océan Indien, l’association « la Fabrique des Centres de Santé », très impliquée dans le suivi du centre de santé ouvert à Mayotte (ONAKYA), le docteur Patrick Vuattoux, médecin généraliste au sein de la Maison de santé « Saint Claude » à Besançon et représentant la Fédération Française des Maisons et Pôle de Santé, la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (CSSM) et sa directrice Ymane Alihamidi-Chanfi, et les services pôle offre de soins pour la délégation de l’ile de Mayotte et les services relations avec les professionnels, gestion du risque, pour la CSSM, « qui sont en étroite relation, pour travailler dans le même sens et accompagner au mieux le développement de l’offre de soins sur Mayotte ».
Xavier Montserrat est revenu longuement sur les avancées permises par le Plan Avenir pour Mayotte, notamment les 20 millions d’euros de « financement d’opérations urgentes d’investissement destinées aux bloc et consultations », et les 172 millions d’euros de modernisation du centre hospitalier de Mayotte.
De la naissance à la vieillesse, des partenariats avec des CHU
Décidée il y a plus de 4 ans, l’ouverture du centre de référence à Petite Terre, se fera début 2019, suivie quelques mois plus tard du nouveau service de soins de suite et de réadaptation (SSR), sur le même site, de 40 lits adultes, 10 lits enfants, 5 places d’hôpital de jour et 1 plateau technique de rééducation.
Des conventions de partenariat du CHM seront signées avec des CHU. Avec le CHRU de Besançon, par le Professeur Aubry, Chef du pôle Autonomie-Handicap, Chef du service de gériatrie, « il va permettre d’impulser un travail de recherche de nature socio-anthropologique en lien avec les principaux acteurs des Soins Palliatifs. Ce travail va s’inscrire dans un DU Soins palliatifs de deux médecins étudiant du CHU de la Réunion en association avec les services de soins du CHM. Ce travail, qui débute, a été posé comme un préalable à la création d’une équipe mobile de soins palliatifs sur Mayotte. »
Un autre partenariat est noué avec le CHU de Lille et son centre régional du dépistage néonatal des Hauts de France, qui est l’opérateur historique du dépistage néonatal pour la zone Océan indien. Une équipe de coordination de ce dépistage et de son suivi sera mise en place. De plus, le laboratoire de biologie du Centre hospitalier à Mayotte a été renforcé et sera équipé pour permettre certains examens nécessaires au diagnostic de mucoviscidose.
250 places pour de jeunes handicapés
Dans le secteur du médicosocial, le développement porte notamment sur la création de nouvelles places d’accueil en établissements spécialisés : 250 places supplémentaires seront créées dès 2019 pour des enfants handicapés, dont porteurs des troubles du spectre de l’autisme.
Plusieurs autres avancées sont à relier au Plan d’Egal Accès aux Soins notamment la promotion des exercices coordonnés, le développement du guichet unique pour l’information et l’installation, le développement de l’expérimentation de la pharmacie clinique libérale qui permettra, aux pharmaciens de Mayotte d’exercer des tâches, par délégation, tout comme les infirmiers en matière de réalisation d’actes de vaccination et de suivis des plaies par protocoles.
Ce 1er colloque qui décline plusieurs mesures, anciennes et nouvelles, qui se place « entre humanisme et pragmatisme », veut s’inscrire dans la perspective de la nouvelle ARS, répondant « à une logique de proximité, d’éthique, de démocratie en santé, de santé publique et de prévention, de développement de l’offre de soins ».
A.P-L.