Un Fundi qui abusait d'une élève échappe à la prison

L'école coranique était devenu un enfer pour la victime. Son fundi abusait de son autorité pour la soumettre à des rapports sexuels alors qu'elle avait entre 12 et 14 ans. Il est allé jusqu'à proposer aux parents de payer pour l'épouser et éviter une plainte. Il écope d'une peine aménageable.

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Le tribunal de grande instance à Mamoudzou

« Il prenait son truc, le frottait au dessus de mon sexe et finissait par éjaculer sur moi, il m’embrassait sur la bouche et les seins ». S’il n’y a pas eu a priori de pénétration, les faits décrits par la victime mineure donnent la nausée. Rencontré à l’école coranique, le Fundi avait décidé de faire de son élève sa « petite amie ». Il était poursuivi ce mercredi pour atteinte sexuelle sur mineur de 15 ans, une qualification désignant toute relation sexuelle ne pouvant être qualifiée de viol ou d’agression. Pourtant dans cette affaire, il n’y a guère de consentement qui tienne.
« Je ne voulais pas, je ne sais pas pourquoi j’y allais » poursuit la jeune fille, montrant la difficulté d’établir le consentement chez une adolescente. Les faits s’étalent sur près de 2 ans, entre 2014 et 2015. Durant cette période, les résultats scolaires de la collégienne s’effondrent, elle se rebelle. Chez elle, ses parents ne la reconnaissent plus. Elle finit par refuser de retourner à l’école coranique. Pendant cette période, le Fundi prend contact avec les parents de la jeune fille. Assumant sa « relation » avec elle, il propose un mariage. A force de pression, la mère finit par accepter une dot de 1700€. Les préparatifs commencent. A ce moment, l’homme vient d’épouser une autre ancienne élève, selon des éléments évoqués au tribunal.
Face au désarroi de l’élève qui décroche, les parents voient l’action de Djinns et font le lien, non pas avec ce qu’elle subit à l’école coranique, mais avec le fait qu’elle refuse d’y retourner.

Finalement c’est le collège qui finira par tirer la sonnette d’alarme, par le biais de l’assistante sociale. Le vice-rectorat saisit le procureur par un signalement et l’enquête se met en branle. Un administrateur est nommé pour assurer les intérêts de la victime.
Auditionné, le maître coranique jure qu’ils « étaient en couple », « c’était ma petite amie depuis plusieurs mois, on avait parlé mariage » assure-t-il.
Au tribunal un assesseur demande à la jeune fille aujourd’hui âgée de 17 ans, « c’était une relation amoureuse ? »
« Non » répond-elle timidement. « Je me sentais obligée ».
Son avocat Fatih Rahmani réclame pour elle 10 000€ de dommages et intérêts. « Elle a subi ces faits pendant une longue période, sans pouvoir se fier à personne. Son salut, ça a été l’assistante sociale. »

« Il faudrait une loi sur le consentement des mineurs »

Le substitut Rieu

Pour le procureur Rieu, « ces faits sont la preuve qu’il faudrait une loi sur le consentement des mineurs. On aurait pu envisager une ouverture pour viol, on a des relations entre un majeur et une mineure de 13 ans, il avait un ascendant sur elle. Il y a dans son mode opératoire une perversion, l’utilisation de cette position pour assouvir une pulsion sexuelle est particulièrement ignoble. En plus, il ne vient pas au tribunal assumer ses responsabilités. » Estimant que le tribunal ne pouvait être moins sévère avec ce genre d’individu qu’avec des braconniers, il réclame un an ferme, mais sans mandat de dépôt. Après en avoir délibéré, le tribunal est allé plus loin, condamnant le Fundi à 2 ans de prison, et l’interdiction de toute activité impliquant des mineurs. Les dommages et intérêts ont été fixés à 3000€, auxquels elle aura accès à sa majorité. Un juge d’application des peines devra désormais décider si ces deux ans seront aménagés, ou pas, aucun mandat de dépôt n’ayant été décerné.
Y.D.

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