SIM : une deuxième augmentation de capital qui reste à préciser

La production croissante de logements sociaux implique une intervention renforcée de la SIM. Une augmentation de capital était entérinée à cet effet, mais les collectivités ont loupé le coche. C’est rattrapable, mais il faudra y mettre le prix !

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Le siège de la SIM à Mamoudzou

Pour Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire de Mamoudzou, c’est un hold-up auquel il a assisté à la SIM, la société Immobilière de Mayotte, principal bailleur social de l’île en matière de construction et de location de logements collectif. Une augmentation de capital met en effet la mairie de Mamoudzou et le conseil départemental en minorité. Nous avons donc interpellé Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la Société d’Economie Mixte, au capital de laquelle est entrée en 2017, comme dans les autres SEM ultramarines, la CDC Habitat.

« Il s’agit d’un loupé administratif », explique-t-il sobrement. Un « loupé » qui vient des élus de la mairie et du Conseil départemental qui n’ont pas anticipé en budgétisant leur apport au capital : « Constatant les problèmes de trésorerie de la SIM depuis 2013, une augmentation de capital est décidée pour avoir de l’argent frais. La procédure est lancée en juin 2018, les actionnaires dont les élus ayant voté à l’unanimité pour une augmentation de 5,6 millions d’euros », portant le capital à 11 millions d’euros.

Les enchères montent

Ahmed Ali Mondroha

Si la mairie de Mamoudzou délibère bien en faveur d’une augmentation de capital, seul l’apport de la CDC Habitat était enregistré à la date buttoir du 15 janvier. « Les deux collectivités ne l’ayant pas inscrit au budget 2019, ils devront faire un rattrapage en l’inscrivant au budget rectificatif. »

Mais ce qui fait tiquer les élus comme Bacar Ali Boto, c’est que la CDC Habitat va au delà des prévisions « en faisant jouer son ‘droit de souscription à titre irréductible*’ qui lui permet en tant qu’actionnaire de débloquer jusqu’à 75% de ce qui était prévu, et ce, pour sauver l’opération en l’absence de participation des autres actionnaires. » Ils versent donc 4,2 millions d’euros, détenant désormais 72% des parts d’un capital qui passe à 9,6 millions d’euros, soit 6,9 millions d’euros. C’est cette somme que devront désormais mettre à la corbeille le conseil départemental et la mairie réunis, s’ils veulent maintenir une parité à 50-50. « Ils peuvent aussi choisir de ne détenir que 34%, qui leur confère une minorité de blocage ».

Si une deuxième augmentation de capital est donc à programmer, les montants sont donc encore à préciser. Ali Mondroha rappelle l’enjeu : « Il ne s’agit pas d’agir les uns contre les autres, mais unis en faveur du parc de logement à Mayotte. Nous sommes une SEM, nous ne prenons pas de dividendes, il faut le rappeler. Cela fait 45 ans que l’Etat, financeur, est majoritaire dans l’ensemble des Outre-mer, nous sommes les seuls où existe une parité. »

Anne Perzo-Lafond

* L’actionnaire peut, grâce à ses droits, souscrire à titre irréductible à une augmentation de capital à hauteur de sa participation actuelle

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