« Mamoudzou est aujourd’hui une ville plus sure, plus dynamique et où il fait bon vivre ensemble »… Ça fleure bon le slogan de propagande des années 50, cette petite phrase extraite du bilan de mandature du maire de Mamoudzou Mohamed Majani. Nous sommes à un an des législatives, ce qui justifie l’exercice, à raison, puisque d’autres maires ne peuvent s’enorgueillir du même bilan, et daignent seulement maintenant relever un sourcil en voyant arriver à grand pas l’échéance du renouvellement de leur mandature.
Tout n’est pas encore parfait loin de là à Mamoudzou, les tas d’ordures continuent à s’entasser devant l’antenne du conseil départemental à Kawéni, une carcasse de voiture sert même de repaire aux jeunes dealers le soir venu. Les caniveaux sont encore vecteurs d’accidents mortels, et un plan de réfection est en cours. « Il reste encore beaucoup à faire », résume le maire.
Mais on ne peut nier qu’un virage a été pris, à peu prés à l’époque où les ronds-points se sont vêtus de thèmes et de couleurs, pirogue, panier, etc. Des abribus ont été érigés pour les jeunes scolaires, et la 1ère aire de jeu a vu le jour. Ça, c’est le visible. Ce qui découle d’un projet politique « inédit », en réponse à une « situation économique et sociale au bord de l’implosion » en 2014, dixit le maire.
Quatre défis étaient alignés, avec leur objectifs précis : l’emploi, Hazi, pour lutter contre un taux de chômage de 55% des 15-29 ans, l’accès au logement, Makazi, « 65% des logements n’ont pas de confort de base », l’éducation et la formation, Msomo, « 72 % des jeunes sortent sans qualification à la fin de leur scolarité », et la sécurité, Hifadhui, « l’insécurité non régulée n’apporte que crispations et sentiments de haine envers l’autre ». Aujourd’hui, le taux de réalisation avoisine les 75% selon le maire.
Trois nouvelles écoles pour moins de rotation
Notamment grâce aux 5 directions générales adjointes, Aménagement et Développement, dirigée par Denis Chopin, qui a été débauché du SIDEVAM, Action Citoyenneté et Vie publique, dirigée par Ahamada Haribou, Secrétariat général, dirigée par Nadhirou Moustoifa, Finances et Télécommunications, dirigée par Abdoulhoussen Mahadali, et Services Techniques, dirigée par Mohamadi Boina Hamissi. Supervisées par le DGS Mohamed Thoihir Youssouffa.
Sur le plan scolaire, « en 5 ans, la municipalité a rénové 18 écoles et 40 salles de classe », soit 8 salles par an, pour un montant de 5,5 millions d’euros. Trois nouvelles écoles, notamment une à Doujani (16 classes) et une à Hamaha (24 classes), seront construites pour 16 millions d’euros, avec un objectif, « que les 15.000 élèves de la commune subissent de moins en moins le phénomène de rotation. » La ville a investi pour plus d’un million d’euros en fournitures scolaires et mobilier scolaire.
La solidarité est une politique à plein temps à Mayotte, et à Mamoudzou en particulier qui a doublé le budget alloué au Centre communal d’Action social en 3 ans, pour le monter à 302.000 euros. Si la somme semble dérisoire au regard des besoins, il faut se dire qu’on part quasiment de zéro. « En 2018, plus de 600 personnes ont été aidées », notamment par 150.000 euros de bons et colis alimentaires, et d’équipements ménagers. En 2019, le projet Défi jeunes accompagnera 15 personnes de 16 à 25 ans, en décrochage scolaire ou sans emploi. Et grâce à un unique portail en ligne, les administrés pourront gérer leurs démarches quotidiennes.
Le budget sécurité quadruplé en 2 ans
Pour lutter contre l’insécurité, « principal cheval de bataille de la municipalité », des brigades VTT et scooter ont été mises en place, ainsi qu’une brigade canine. Une cellule de 12 agents de surveillance de la Voie publique (ASVP) a été créée, un Centre de surveillance urbaine, et un réseau de vidéo-protection avec 66 caméras, dont 20 infrarouges. Les rejoindront 24 nouvelles caméras en 2019. Un budget sécurité quadruplé en 2 ans, puisque porté de 30.000 à 170.000 euros.
Zone bleue, horodateurs… tous ces concepts citadins de métropole qui donnent le blues aux automobilistes, ont fait leur apparition, pour « une meilleure rotation des véhicules ». Outre la sécurisation de réseau de canalisation pour 1,4 millions d’euros, la ville a effectué 7.262 mètres de réfection de voirie en 3 ans, avec sa poursuite pour 8 millions d’euros en 2019. La programmation du transport collectif se poursuit, dans les mains de la communauté d’agglomération, CADEMA.
Péniblement démarrée, la rénovation de M’gombani touche à sa fin, elle aura coûté 47 millions d’euros. Avec le Nouveau Programme de Rénovation urbaine (NPRU), on embraye sur Kawéni, « 1er pôle économique, 1ère zone scolaire avec 10.000 élèves et 1er bidonville de France. » Une convention de lutte contre l’habitat illégale doit être signée, ainsi qu’un programme logement en auto-construction. Un crèche est prévue à M’gombani. Environ 10.000 adresses ont été mises à jour.
Pour assurer sa propreté, 54 agents sont déployés, 300 corbeilles mises à disposition, et une brigade spéciale informe le public sur les bons comportements.
Une future Smart City
Mamoudzou n’oublie pas sa jeunesse, la mairie a rénové et habité ses 5 MJC, en leur allouant des thèmes différents, spectacle vivant, dans urbaine, arts graphiques ou musique. Et la 1ère aire de jeux de l’île « Mpewka dinga » a été inaugurée à Passamainty, préambule de celles de Mtsapéré, Cavani et Mamoudzou prévues pour 2019.
Le développement du numérique a été impulsé pour 2,8 millions d’euros, « qui lui valent d’être reconnue comme un opérateur ARCEP », Autorité de régulation des communications électronique set des postes. La fibre optique a été déployée dans tous les bâtiments administratifs. Le maire voit grand, puisqu’il veut prendre appui sur cette impulsion le numérique pour passer de l’e-administration à la Smart City* ! Qui demande des infrastructures au top de la technologie. La généralisation du wifi dans les lieux publics par exemple, qui est prévue pour 2019.
Les plages d’accueil du public qui étaient minces auparavant, ont été étendues de 7h à 17h et la proximité des services est assurée, notamment avec la mairie annexe de Passamainty.
Alors que masse salariale rime souvent avec déficit, de nombreux recrutements ont été effectués, passant en 4 ans de 644 à 921 agents. Mais parallèlement, prés de 2.500 journées de formation ont été dispensées. Et 2.277 jeunes ont été accueillis en stage. Des réfectoires pour les employés ont été ouverts. En 2019, seront installées des badgeuses « pour gérer le temps de travail ».
Et tout cela grâce à des finances optimisées, « pour la première fois, le budget des investissements va dépasser le budget de fonctionnement ». Le budget a doublé depuis 2015, pour se monter à 100 millions d’euros en 2019, et 135 millions d’euros ont été investis en 4 ans, avec une montée en puissance, 60 millions d’euros rien que sur 2019. Pour des taxes foncières et d’habitation « inférieures à la moyenne du département et à la moyenne nationale », et qui « n’ont pas augmenté ».
Terminons par un service de communication musclé, doté de 3 agents, qui nous vaut notamment ce premier bilan fleurant bon le renouvellement de mandat.
(Lire 2019_Bilan de mandature_MDZ)
A.P-L.
*La Smart City, smart cité ou ville intelligente consiste globalement en l’optimisation des coûts, de l’organisation, du bien-être des habitants. Avec notamment comme objectif, une réduction des émissions polluantes