Le manque de statistiques handicape l’insertion par le travail

Difficile d'élaborer des politiques quand on manque de données. C'est particulièrement vrai pour les publics fragiles qui peinent à se faire connaître et à faire valoir leurs droits, notamment les plus précaires et les personnes en situation de handicap. Le Département et la CSSM tentent d'y remédier.

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Le manque de statistiques fiables mène chaque intervenant à se baser sur des chiffres différents des autres

Résoudre les problèmes liés au handicap, à l’insertion et à l’emploi dans le médico-social, c’est un peu comme vouloir construire un gratte-ciel sans connaître la nature du sol, et débattre sur le matériau à utiliser pour les fondations. Ce mardi le Conseil Départemental accueillait la seconde journée du séminaire sur le secteur médico-social, avec un focus sur l’emploi. Emploi des personnes en situation de handicap d’une part, et emploi dans le secteur médico-social d’autre part. Des politiques existent pour améliorer les deux, mais elles sont freinées par un manque de données fiables sur le nombre de bénéficiaires potentiels. « Personne n’a les mêmes chiffres » déplore un responsable du Département.

Débats sur l’emploi ce matin lors du séminaire sur le médico-social

On sait que les besoins dans le médico-social sont évalués à 1500 places et que 660 doivent être crées d’ici l’année prochaine. On sait que 895 salariés sont considérés en insertion par la Dieccte, dont à peine 5 à 6% en situation de handicap. A la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), on recense quelque 5000 personnes en situation de handicap, mais seulement 143 qui sont reconnues comme travailleurs handicapés. En somme chaque organisme a ses propres chiffres, qui témoignent de plusieurs réalités.
La première, c’est « un problème d’accès au droit pour la reconnaissance du handicap » indique Faouzia Soilih lors de son intervention. Des personnes en extrême précarité ou en situation irrégulière n’osent pas, pour diverses raisons, approcher les administrations. D’autres, confrontées à une situation de handicap, n’en ont pas la possibilité. « A la MDPH, on en est encore à attendre que les personnes s’inscrivent progressivement, il faudrait aller dans les maisons auprès des familles pour recenser les personnes en situation de handicap » suggère Kadafi Attoumani, directeur de l’organisme de formation professionnelle Opcalia Mayotte.

Combo Abdallah Combo, cadre de formation à l’IRTS

Une idée qui, justement, était déjà en train de germer. Suite à une commande de la CSSM qui souhaite mieux connaître ses bénéficiaires, une vaste enquête de terrain devrait commencer le 15 avril prochain. Le Département s’y est greffé pour ajouter à l’enquête des données sur le handicap. Ainsi, avant le mois de septembre, le Département devrait avoir une idée plus précise du nombre de personnes susceptibles de bénéficier du RSA par exemple. Aujourd’hui seulement 5000 foyers en bénéficient à Mayotte. Mais aussi des aides consacrées au handicap, notamment en termes d’aide à l’emploi. L’enquête sera aussi le vecteur d’une campagne de communication pour « faire connaître les prestations » qui existent.
Ainsi pendant que des efforts nécessaires sont d’ors et déjà menés, notamment à l’IRTS, pour former des personnels dans le secteur social, et les sensibiliser aux problématiques du handicap, cette enquête permettra de mieux identifier les besoins du territoire, et de savoir sur quel sol se construisent ces politiques publiques.
Y.D.

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