Où se procurer une arme d’autodéfense* ? Il y a quelques mois encore, une adresse circulait, au bouche à oreilles, à Kawéni. Un réparateur informatique y vendait « sous le manteau » des bombes lacrymogènes, poings électriques et accessoires. Jusqu’au 2 octobre dernier où un client, boulanger de son état, s’est présenté pour acquérir de quoi de protéger le soir. Dans l’arrière boutique, le client se voit proposer un pistolet d’alarme « noir, dans une boîte avec 10 cartouches et un chargeur ». Il se laisse tenter et moyennant 300€, repart avec l’arme. Mais deux jours plus tard, l’acheteur se dit que « ça fait beaucoup de bruit ». Au lieu de ramener l’arme à la boutique, il la dépose au commissariat, et la police perquisitionne le magasin. Elle y trouve quantité de matériels de self défense dans « des quantités qui suggèrent une intention de commercialiser » selon le président Bouvart.
Le gérant est arrêté et poursuivi pour vente d’armes de catégories C ou D sans autorisation.
A la barre, le gérant explique qu’il a « acheté la société et son stock début 2017. Dans le stock figurait du matériel d’autodéfense. Ce pistolet était le seul du stock » assure-t-il. « La situation est telle à Mayotte que les gens veulent se prémunir », poursuit-il pour justifier d’avoir choisi de vendre ce stock illégal, et évoquant une « insécurité permanente ».
7 ans de prison encourus
Mais pour le parquet, « la raison sociale de votre société, ce n’est pas de vendre des armes ». La procureure Pajak-Boulet estime que ce stock aurait dû être signalé pour destruction bien plus tôt. Pire, elle estime que le commerçant « nourrit la délinquance » en mettant en circulation ces armes. « C’est une profession réglementée car elle impose un niveau de contrôle supplémentaire » abonde le président Bouvart.
Rappelant que la loi prévoit 7 ans de prison pour la vente d’arme sans autorisation, la procureure requiert 2500€ d’amende dont 1500 avec sursis. « Ce qui est sur, c’est que les gens qui se présentent disent que vous vendiez des armes sous le manteau », or poursuit-elle, si ce procès se justifiait c’est que « à Mayotte, on a beaucoup de délinquance, mais pas encore trop d’armes notamment à feu ».
Le prévenu lui, nie toute activité « sous le manteau », il affirme avoir fait la promotion des bombes lacrymogènes sur sa page Facebook sans savoir qu’il n’en avait « pas le droit ». « J’ai joué, j’ai perdu » conclut-il. Il a été condamné à 2500€ d’amende. Ferme.
* Les armes telles que les bombes lacrymogènes, shockers électriques ou pistolets d’alarmes sont en vente libre, dans des établissements réglementés. Leur détention n’est généralement pas soumise à déclaration ni à un permis, mais il est interdit de les avoir sur soi en dehors de son domicile, et leur transport est soumis à certaines règles.
Y.D.
Là c’est rien du tout. Il faut fouiller davantage: y a pire.
C’est où j’ai besoin d’une arme???
C est juste à la surface