Le sport n’est pas que collectif, il y a encore un vaste champ à investiguer à Mayotte. Les Assises du sport avait mis il y a quelques mois ce constat en évidence, et depuis peu de tentatives avaient émergé. Parmi les plus réactifs, l’office de tourisme de l’intercommunalité du centre, la 3CO, avait organisé il y a trois semaines une randonnée de grande ampleur, avec départ à Mtsangabeach, et arrivée sur la plage de Sohoa. Un peu trop de bitume au parcours qui aurait pu s’arrêter à Chiconi, mais cela avait le mérite de lancer une action de grande envergure, d’autant plus qu’une rando VTT était aussi au programme.
C’est en reprenant ce concept sous-utilisé de Sport-Nature, que l’Office de tourisme du Centre-Ouest, propose une formation en partenariat avec la Direction de la Jeunesse et des sports (DJSCS) de Mayotte. « Il s’agit de faire des sports de nature un outil au service du développement économique et touristique. En même temps, il faut sortir de la fatalité de la dégradation de l’environnement », expliquait Ackeem Ahmed, Directeur de l’Office de tourisme de la 3C0, qui y voit donc un double intérêt, à la fois sportif et environnemental.
Le projet consiste à former 12 jeunes stagiaires œuvrant en Centre d’accueil collectif des mineurs (centres de loisirs, etc.), à différents sports-nature afin qu’ils en reproduisent ensuite l’activité sur leur lieu de travail. A leurs côtés, 12 autres jeunes venant de la région, Madagascar, La Réunion, Seychelles, Djibouti, Maurice et les Comores, afin de les amener également à découvrir et s’approprier les éléments de mise en place d’encadrement et d’animation des sports de la nature.
Mayotte en précurseur
« Nous avons donc acheté 20 VTT, des valises de courses d’orientation, des paddles, des kayaks… pour proposer une formation que nous voulons de haut niveau, surtout en présence d’autre nationalité de l’océan Indien », rapporte David Hervé, DJSCS. Et c’est une grande première régionale : « Il n’y a encore jamais eu de formation sur les sports de nature à la Commission de la Jeunesse et du Sport de l’océan Indien, la CJSOI», indique-t-il.
Ce rôle de précurseur, Mayotte doit s’autoriser à l’endosser pour Nafissata Mouhoudhoire, directrice adjointe de la DJSCS, qui remerciait les « îles voisines de la région de participer à l’action qui se déroulera sur une semaine, du 21 au 27 octobre ». Celle qui la représente rappelait que la jeunesse du territoire avait beaucoup à y gagner, « en développant des valeurs de dépassement de soi, d’entraide, de coopération, de respect et de protection de l’environnement », mais également ce rapprochement de territoire, « des jeunes de plusieurs nationalité vont se retrouver autour d’un projet commun, enrichissant, et apprendre à se connaître, à s’aimer. »
L’office du sport de la 3CO doté de VTT, kayak et paddles
L’apport de cette formation peut aller au-delà, dans une structure de la CJSOI « peu habituée à mêler formation de la jeunesse et formation aux sport », faisait remarquer David Hervé, qui espère un peu que cela fasse boule de neige.
Les 24 jeunes seront logés pendant une semaine au gite du Mont Combani et au Relais Forestier, et en fonction du résultat, une formation continue à l’année pourrait être proposée. « Il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas sûr qu’au bout d’une semaine, ils seront capables de monter un projet pédagogique dans leurs structures d’accueil collectif des mineurs, mais nous les y accompagnerons », assure David Hervé. Les formateurs viennent notamment du CREPS, il y a aussi un accompagnateur de moyenne montagne, et un éducateur sportif.
Le budget total de 35.000 euros est financé par le ministère des sports, la DJSCS et pour la partie du matériel, par la 3CO, il faut le souligner. A l’issue de la formation, VTT, kayaks et paddles seront la propriété de l’Office des sport, « qui est l’œil du développement sportif de la 3CO », concluait son président, Saïd Mohamed Barrabé.
Et pour prendre encore plus de recul et philosopher un coup sur l’opération, les partenaires proposent un clip du chanteur Baco, « Désolé les enfants », axé sur la transmission d’un monde pollué, « la rédemption est la voie la plus sage. » A vos marques, prêts ?!…
Anne Perzo-Lafond
ce concept de sport nature nous l’avions chez nous dans les années 2000 avec le « mahoraid ». Les réunionnais sont venus nous le piquer pour en faire le « diagonale des fous ». Aujourd’hui ils sont devenus la destination du trail dans l’océan indien et nous la destination des déforesteurs