« J’ai mis du temps à comprendre le nom de ce projet » attaque le préfet Jean-François Colombet lors du premier comité de pilotage de la cité éducative de kawéni. On sait ce qu’est une cité. On sait ce qu’est l’éducation. Mais les deux ensemble ? « Kawéni est un quartier difficile », poursuit le préfet avec ses éléments de réponse, « où de nombreuses politiques publiques doivent être menées et où il y a une vie associative riche et dense. Mais seuls, isolés, nous ne parviendrons pas à tisser la cité de la connaissance, du savoir et des valeurs » poursuit le représentant de l’Etat. « Il ne faut pas se bercer de mots, il faut agir, avec du courage et de la ténacité ».
Il faudra au moins ça pour mener à bien l’immense projet qui est en cours d’élaboration dans ce quartier si longtemps malmené. Issue du plan Borloo pour les banlieues, la notion de cité éducative consiste à mettre en synergie tous les acteurs d’un territoire. Pour Kawéni, cela concerne donc l’Education nationale via le Vice-rectorat, et l’Etat via la direction de la jeunesse et des sports (DJSCS), mais aussi les associations de quartier, « sans oublier le monde économique » insiste le directeur de la DJSCS Patrick Bonfils.
En tout, ce sont pas moins de 24 partenaires qui sont liés par ce projet commun, qui prévoit un total de 39 actions. C’est beau mais de quoi parle-t-on ?
Les axes de travail sont la culture, le numérique et le développement durable. Mais les outils sont l’éducation, l’accompagnement et le tissu social. Il s’agira en version courte, de réunir, accompagner et fédérer tous les jeunes de Kawéni, qu’ils soient scolarisés ou non, et de ne plus les lâcher dans la nature. Activités sportives, culturelles ou éducatives, musique, informatique, formation BAFA et soutien scolaire sont autant d’actions prévues par cette cité éducative. L’idée est d’aider les associations à monter en compétence pour accompagner ces jeunes en partenariat avec les autres acteurs. On pourrait ainsi voir ces associations intervenir dans les établissements scolaires, ou des agents du vice-rectorat agir dans le cœur des quartiers.
Au delà de l’accompagnement périscolaire, c’est tout un ensemble de mesures de lien social qui est dans la package : actions de sensibilisation à la santé dès le plus jeune âge, facilité l’accès au droit, au logement, à la santé, agir contre le décrochage scolaire, y compris en proposant une « école des parents » telle qu’il en existe déjà sur le territoire, et même des cérémonies de remise de diplôme pour valoriser les élèves qui auront réussi une étape de leur cursus scolaire !
Enfin la cité éducative se veut un lien d’échanges et d’ouverture au monde, et c’est là que le monde économique aura toute sa place : des forums des métiers se tiendront régulièrement, et le lieu proposera des aides à la recherche de stage, de formateur en alternance, des préparations à la mobilité.
Le plus, par rapport aux actions menées indépendamment par tous les acteurs déjà mobilisés, ce sera la « coordination des moyens de l’Education nationale, de la politique de la Ville, de l’éducation populaire, des associations et du monde économique » détaille Patrick Bonfils. Les 3,4 millions d’euros mis sur la table incluent donc les subventions versées aux assos pour ces projets, et la coordination de tout ce dispositif par l’Etat garantira le bon usage des fonds aux fins prévues.
Y.D.
Kaweni, quartier longtemps malmené ? 2 lycées, 2 collèges, 2 mjc, une pmi, peut être le futur 2ème hôpital annoncé par le président Macron, un projet de rénovation urbaine, la plus vaste zone économique de Mayotte…Quelle est l’autre localité de Mayotte ayant droit à toutes ces politiques publiques et tous ces investissements ? Kaweni sera toujours le tonneau des Danaïdes tant que la croissance démographique n’y sera pas maitrisée.