Les gendarmes mobiles en première ligne contre les caillassages

Nous avons été invités à suivre un groupe de gendarmes mobiles dans son action de prévention des caillassages à Koungou. Un dispositif renforcé qui vise à "occuper le terrain" avant que les jeunes ne s'y rassemblent.

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Ces points en hauteur sont utilisés pour caillasser les secours en contrebas (archive)

Mercredi, 18 heures. Trois camions de transport de troupes se mettent en branle depuis la gendarmerie de Koungou. En tête de cortège, un Land Rover Defender de la gendarmerie dans lequel le Capitaine Botella supervise l’opération. L’objectif, assurer une présence visible et surtout « dissuasive, sur la zone de Majicavo Lamir à Trévani, qui pose difficulté » explique l’officier. La colonne de véhicules se hisse sur les hauteurs de Majicavo jusqu’à un flanc de falaise offrant une vue imprenable sur le lever de lune et… la route en contre bas.

Un des jeunes précise qu’il n’est pas un délinquant. La discussion est cordiale avec les gendarmes

« J’ai demandé aux gendarmes de réfléchir à une stratégie plus offensive, et notamment d’occuper les points hauts depuis lesquels les gendarmes sont caillassés » explique le préfet Jean-François Colombet qui vante « une réponse innovante aux désordres qu’on rencontre ».
Les désordres, ce sont ces caillassages à répétition. Selon les gendarmes, deux scénarios principaux se dégagent. Le premier, c’est la bagarre entre bandes rivales qui dégénère et se transforme en affrontement avec les gendarmes. L’autre, plus cynique, c’est le guet-apens. Typiquement des jeunes dressent un barrage, rançonnent quelques automobilistes pour faire venir les gendarmes, et quand ces derniers arrivent, une pluie de pierres les attend. Récemment, l’un d’eux a été grièvement blessé au visage, et a dû rentrer en métropole pour y recevoir des soins.

Dans les ruelles calmes, les gendarmes reçoivent bon accueil

Les militaires prennent donc désormais les devants, en occupant le plus possible ces « points hauts ». « On monte avant eux pour leur montrer que la place est prise » explique le Capitaine Botella. En haut, un jeune garçon interpelle l’officier. « Je suis pas un délinquant moi monsieur ». Enfants et gendarmes échangent quelques mots, et l’officier en profite pour faire de la prévention et rappeler le couvre-feu qui concerne les mineurs à Koungou après 20 heures.

Un outil utile pour les gendarmes.

Le capitaine Botella emmène ses gendarmes mobiles en opération de prévention

« On s’appuie sur une décision du maire pour sensibiliser les parents, ils risquent une amende si on doit leur ramener leur enfant, mais on essaye d’être plus pédagogues que répressifs ». Sur Petite Terre toutefois, des amendes ont déjà été délivrées dans ce cadre.

Le quartier étant calme, les gendarmes de l’escadron 33/7 de Vouziers se remettent en route, direction Koungou village. Au moment de partir, l’officier reçoit un message radio, un de ses équipages a reçu « quelques pierres au nord de Majicavo-Koropa ». Il s’agissait de mottes de terre, ce sera le seul incident de la soirée. A Koungou, « c’est calme, les gens sont sereins » souffle le militaire qui n’en oublie pas de tourner la tête au moindre bruit suspect. Après quelques minutes devant la poste de Koungou, la trentaine de gendarmes repart vers Trévani. Les camions s’arrêtent à quelques kilomètres les uns des autres. « On se répartit en différents points sur la route pour rester en appui les uns des autres et essayer d’être visible » précise le capitaine. « Cela rassure les habitants et ça dissuade ceux qui voudraient caillasser ».

Présence visible devant la mosquée

Depuis la mosquée de Trévani, une poignée de gendarmes s’engage dans un tour du quartier, entre les murs en tôle et les échoppes encore ouvertes. Les habitants semblent apprécier cette présence et saluent chaleureusement les militaires à chaque passage. De quoi leur mettre du baume au cœur. « La pire réaction qu’on rencontre, c’est de l’indifférence » salue le chef des opérations qui se réjouit d’une bonne relation entre les Mahorais et leurs forces de l’ordre. Le tout sans oublier que l’atmosphère peut dégénérer du tout au tout en quelques instants.

A 20 heures, les gendarmes rentrent à le brigade pour manger un morceau. Un horaire qui est tout sauf une règle absolue. « Le dispositif et les horaires sont variables pour ne pas créer d’habitude, et même créer de l’incertitude » indique le  gendarme.

« Jusque là, c’est une stratégie efficace, se réjouit le préfet. On va la maintenir tant qu’on pourra ».

Y.D.

1 COMMENTAIRE

  1. Il faut faire la même chose dans la commune de mamoudzou aussi
    Mais bon les effectifs de police n’est pas assez nombreuses pour permettre ça
    Et le ministre de l’intérieur qui dit qu’il y’a eu plus de centaines de policiers arrivés à Mayotte…
    Mais on sait tous que c’était des remplacement…

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