C’était déjà pas mal à vrai dire, puisque les bulletins bimensuels annonçaient régulièrement 400 à 500 séismes en 15 jours. Mais sur la dernière courte quinzaine de février, ce sont exactement 896 séismes qui ont secoué les tréfonds de la terre sous nos pieds. Si nous l’ignorons superbement, c’est que contrairement à l’année 2018, nous ne les sentons quasiment plus, en raison de leurs faibles magnitudes. Le seul séisme à avoir été signalé comme ressenti, s’est produit le 23 février à 16h20, heure de Mayotte, d’une magnitude de 3,2, et localisé à 31km de profondeur et à 16km à l’Est de Dzaoudzi.
Loin d’être alarmant, en tout cas pas davantage que nous l’étions, cette multiplication par deux du nombre de séismes qui porte notre quotidien à 60 secousses par jour, est donc lié au recrutement de nouveaux personnels, explique le REVOSIMA, le Réseau de surveillance Volcanologique et Sismologique de Mayotte, opéré par l’Institut Physique du Globe de Paris (IPGP) avec l’appui du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) de Mayotte: « Des ressources humaines supplémentaires sont désormais dédiées au dépouillement sismique, ce qui a permis d’abaisser la magnitude minimale des séismes identifiés (magnitude de complétude). Il est désormais possible de mieux identifier les séismes de plus petites magnitudes < M1,5, ce qui explique l’augmentation du nombre total de séismes identifiés par rapport aux mois précédents. »
Les dernières observations datent
Les prés de 900 séismes ne sont pas de même nature : 592 sont Volcano-Tectoniques (VT), 288 sont dits de « Longue Période » (LP) et 16 séismes de « Très Longue Période » (VLP). Les LP étaient observés, mais non comptabilisés, ce qui a pu être fait « suite à l’amélioration graphique de la représentation des signaux sismiques. La majorité de ces séismes LP en essaims, durent quelques dizaines de minutes ». Quant aux signaux VLP, ils traduisent le plus souvent des résonances et des mouvements de fluide, magmatique ou hydrothermal.
A noter que plusieurs séismes « proches » de très faible à faible magnitude sont toujours enregistrés entre l’essaim sismique principal et Petite-Terre, voire même sous Petite Terre.
L’île s’est déplacée et enfoncée (subsidence) depuis le début de l’éruption du volcan sous-marin, mais l’ampleur de ce phénomène s’est calmé. Les stations GPS indiquent un déplacement de l’île vers l’Est d’environ 20 à 22 cm, et un affaissement d’environ 9cm à l’ouest et 17 cm à l’Est, plus proche de la vidange de la chambre magmatique.
On sait que toutes ces manifestations sont le fait de l’émergence d’un volcan sous-marin à 50-60 km à l’Est de Mayotte, mais le bulletin précise « qu’en l’absence de campagne en mer depuis le 20 août 2019, il est à l’heure actuelle impossible d’avoir une idée de l’évolution de l’activité éruptive sur site. » Sorti par 3.500m de fond, le volcan faisait 800m de haut au 31 juillet 2019, il y a donc en effet plus de 7 mois.
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A.P-L.