Délinquance : « Le BAFA a changé notre vie ! »

Une histoire de mauvaises graines qui se muent en gentils troubadours, ça n’existe pas que dans les contes de fées ! Des chefs de bande de la commune de Koungou ont retrouvé le chemin la vie en société, et sont même débordants de bonne volonté.

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"Nous arrivons à calmer les plus jeunes !", témoignent les stagiaires BAFA

La lutte contre l’oisiveté que mène la préfecture à Koungou, porte des effets inespérés. « Le premier jour, j’ai failli pleurer, je ne m’attendais pas à ce que les choses évoluent comme ça. Personne ne s’entendait, et c’était un silence glacial dans le bus, même pas un bonjour. Le 2ème jour, s’était parti, ils formaient un groupe ! » Nadjibou Attoumani, dit « Maurice », est le directeur du Centre d’animation Jeunesse de la commune de Koungou.

Il retrace l’ambiance de guerre de gangs qui sévissait alors, « les villages de Majicavo, Koungou, Trévani et Longoni s’affrontaient régulièrement. Nous avons choisi les jeunes les plus véhéments pour leur faire passer le BAFA* à Kani Keli, en partenariat avec le Centre communal d’actions sociales de Koungou, dans le cadre du Plan de lutte contre l’oisiveté de la préfecture, et il sont transformés. Ils ont même changé leur coiffure bizarre sans qu’on le leur demande ! »

La partie théorique du stage a eu lieu la semaine dernière, et ils attendent leur attestation avant de passer à la pratique en allant chercher des stages. Nous avons voulu les rencontrer, et les retrouvons, ce mercredi, alors qu’ils célèbrent leur unité en chanson où l’on peut entendre « wasi ra mwananyangu » (nous sommes frères). « J’ai appris la confiance et la dignité », « moi, à étudier, à animer et à être soudé », ils pourraient parler d’une seule voix. Notamment pour décrire leur passé, « on restait sur la route, à rien faire, on était des vagabonds ».

Des débouchés pour ces nouveaux BAFA

« Maurice » devant le match de foot avec des équipes intervillages

Ils l’assurent, ils vont rester dans cet état d’esprit, « mon petit cerveau a compris ! » Une preuve ? Ils font le ménage parmi les plus jeunes : « Nous arrivons à les calmer quand ils s’excitent entre village, on s’assied avec eux, nous étions comme eux. »

Ils sont 37 à avoir passé le BAFA1, une formation dispensée par les Céméa, « tout s’est très bien passé, on était ponctuel, et on a coopéré. On est tous frères et sœurs », parce que 4 filles étaient aussi de la partie.

Du côté du CCAS aussi on est souriant : « Ils sont hyper motivés, il y a une grande solidarité entre eux. Et ils nous ont permis d’inscrire d’autres jeunes pour la deuxième sessions en avril », nous explique Nadia. Le directeur voit encore plus loin, « nous demandons à être agréés Accueil Collectif de mineurs, ces nouveaux BAFA pourraient ainsi participer à l’animation dans les communes ».

Les accompagnants du CCAS de Koungou

Pendant que nous parlons, un tournoi de foot se déroule sur le terrain de Majicavo, à côté de la prison. Avec le même principe, « nous avons mélangé des jeunes de différents villages au sein d’un même équipe, et elles ont joué en tournoi depuis le mois de décembre. Là, ce sont les finales », rapporte « Maurice » qui mise sur ces interactions intervillages pour calmer le climat social. Et ce sont les jeunes qui le disent, « il n’y a plus de problèmes depuis ». Inch’Allah !

Anne Perzo-Lafond

* Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur

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